Mobilis préfigure l’avenir des showrooms

C’est à Anderlecht, à l’angle du boulevard Industriel et du boulevard Paepsem, qu’Alheembouw met la dernière main à un nouveau showroom dédié aux marques de la gamme D’Ieteren. Mais le projet Mobilis de 32.000m² est bien plus qu’une salle d’exposition automobile. Il ambitionne d’être un bâtiment exemplaire de la nouvelle industrie urbaine en transcendant son statut de showroom automobile. Ce garage du futur, un bâtiment quasiment neutre en énergie, accueillera un large éventail de fonctions ; de showroom, il pourra se muer en ateliers, bureaux, activités de commerce et de production au sens le plus large, et ce du sous-sol jusqu’au toit des six niveaux que compte le bâtiment. « L’idée de base n’était pas de créer un bâtiment qui puisse s’adapter sans fin à de nouvelles activités, mais de proposer une structure dans laquelle toutes sortes d’activités peuvent avoir lieu », explique l’architecte Xaveer De Geyter. Son bureau XDGA a remporté, en partenariat avec Boydens et Util, le concours de conception lancé par D’Ieteren Immo pour donner forme à ce projet sur le site d’un ancien showroom automobile.

« Le projet doit son originalité à sa forme et à l’expérience qu’il offre », ajoute Pieter Onraet, directeur de projet de l’entreprise générale Alheembouw. « La forme est plutôt organique de par ses lignes courbes. Les grandes baies vitrées procurent un haut degré de transparence, rendant la structure primaire en béton visible de l’extérieur. « Une structure qui a de quoi subjuguer : des colonnes en béton hautes de deux étages, placées dans une grille de 16 x 16 m, supportent deux planchers en béton gaufré coulé sur place. « Ces planchers, qui forment les niveaux +2 et +4, ont été post-tendus sur place. Cette structure de base en béton garantit au bâtiment une durée de vie de 100 ans tout en lui offrant la flexibilité voulue. La structure sert de support aux dalles métalliques des niveaux inférieurs +1 et +3, qui d’une part s’appuient sur des poutres métalliques reposant dans des consoles contre les colonnes en béton, et d’autre part sont suspendues à ce plancher à structure gaufrée en béton au moyen de pendules dans une grille de 8 x 8 m. Cette configuration permet d’adapter facilement la fonctionnalité de ces étages et même d’y intégrer très facilement de nouveaux patios ou atriums. Même la rampe d’accès qui fait le tour du bâtiment et relie entre eux et au rez-de-chaussée les différents niveaux de parking à l’arrière, est suspendue à la structure de base en béton à l’aide de tels pendules. »

Showroom sur pieux

Le moins que l’on puisse dire, c’est que la construction de cette structure relevait d’un exploit. À commencer par le sous-sol. « Non seulement la capacité portante était mauvaise, mais le sol était contaminé. Nous avons donc commencé par procéder à un assainissement approfondi. Aclagro a excavé les zones contenant de l’amiante, du mercure et d’autres métaux lourds et les a évacués séparément vers des centres de traitement spécialisés. Nous avons alors pu commencer à installer les pieux de fondation. Le bureau d’études avait prescrit des pieux vissés à refoulement de sol. Mais au cours des études préparatoires, nous avons réorienté ce choix en faveur de pieux forés. Motif : nous ne voulions pas utiliser la machine à pieux au niveau du sous-sol. Travailler au niveau du sol aurait porté la longueur des pieux vissés à plus de 25 m, ce qui n’était pas chose évidente. C’est l’augmentation de la profondeur – jusqu’à 40 voire 45 mètres – et de la capacité portante, nécessitant tout logiquement d’enfoncer moins de pieux dans le sol, qui explique notre choix d’utiliser des pieux forés avec post-injection pour ce projet. Cette technique est fréquemment utilisée dans la construction de routes et de ponts, mais peu répandue dans la construction non résidentielle », explique Pieter Onraet.

Jeu de façades vitrées

Après l’excavation, l’entrepreneur a construit sur ces pieux de fondation le sous-sol entièrement coulé sur place. C’est à partir de là qu’a été érigée la structure hybride béton-acier. « Côté rue, la structure a été parée d’un mur-rideau à auvents. Aux deux niveaux inférieurs, le verre s’étend du sol au plafond, tandis que les deux niveaux supérieurs sont subdivisés en fenêtres de plus petite taille. L’entrée de Mobilis se situe à la transition entre la façade arrondie côté carrefour et la partie de façade droite longeant le boulevard Industriel. Elle est accentuée par une façade pliée qui fait 4 étages de haut et 16 m de large. C’est à n’en pas douter l’élément du bâtiment qui accroche le plus le regard. Des contreventements horizontaux maintiennent la structure pliée en place. Ce fut tout un travail de les placer correctement et de les ancrer dans la structure de base en béton », confie Pieter Onraet.

Le pavillon en toiture est, lui aussi, réalisé entièrement en verre. Il occupe environ 20% de la surface du toit et peut remplir une fonction horeca. La partie restante du toit est destinée à l’agriculture urbaine.

Unique en son genre

Mobilis est, à n’en pas douter, un projet hors du commun. Il représentait dès lors un défi particulier pour l’équipe d’Alheembouw. « C’est un projet complètement unique. Ce bâtiment ouvert et lumineux arbore un design magnifique mais techniquement, sa réalisation était tout sauf banale car elle nous a obligés à trouver des réponses à de multiples défis, comme sa structure spécifique, ses rampes d’accès dans les charpentes métalliques, … Notre équipe de 7 à 8 personnes y a travaillé en continu pour régler tous les détails et conditions préalables. Mais nous sommes plutôt fiers du résultat final, même s’il nous reste un sacré chemin à parcourir jusqu’à la ligne d’arrivée en juin. »