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Construction

L’industrie des médias et sa dynamique régionale à Bruxelles

Par son statut, Bruxelles est incontestablement un cluster de médias. Le projet mediapark.brussels sur le site Reyers pourrait permettre de stimuler un secteur déjà dynamique, mais sa réussite dépendra dans une large mesure de sa configuration, qui sera fonction des choix que feront le Gouvernement bruxellois et les autres parties prenantes. Pour guider ces choix, Brussels Studies s’est penché sur ce vaste projet, sur ses défis et formule une série d’observations économiques, urbanistiques, sociologiques. Entre autres.

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Bruxelles concentre la plupart de la production et des activités liées aux médias en Belgique et constitue un pôle majeur de production d’informations au niveau international. Mais ce qui caractérise cette concentration est la présence d’un petit nombre de grands organismes de médias (Rtbf, Rtl, Vrt, Kinepolis, Rossel, Mediafin, ou encore JCDecaux ou IP Belgium), côtoyant une multitude de petites entreprises et micro-entreprises. Dans un contexte d’internationalisation du secteur, Bruxelles peine à attirer des sièges de grandes entreprises de médias internationales et leur présence se limite souvent à des bureaux de contact ou de représentation. De plus, au niveau national, on constate de plus en plus de délocalisations ou de velléités de délocalisation de médias flamands vers Anvers ou à tout le moins, vers le nord de la Région bruxelloise, alors que les médias francophones renforcent leurs centres de production en Wallonie. Quant aux activités les plus «industrielles» du secteur, notamment l’édition et l’imprimerie, elles ont en partie quitté l’espace urbain central pour des parcs d’activité périphériques.

Un cluster médias en gestation

C’est dans ce contexte que prend place le projet mediapark.brussels, une importante action stratégique du Gouvernement bruxellois, centrée sur le développement urbanistique et immobilier du site Reyers. Ce projet vise à créer un cluster de médias autour de la Rtbf et de la Vrt, associé à la construction d’un vaste ensemble de bâtiments et studios, de logements, de commerces,… L’idée sous-jacente est, par un effet de rapprochement et de concentration spatiale, de favoriser les interactions et le développement des entreprises autour des gros acteurs du site.
Reste à voir si les conditions de réussite de ce pari sont effectivement rassemblées. C’est l’objet de la note de synthèse publiée dans le numéro 129 de Brussels Studies par une équipe de chercheurs de la Vrije Universiteit Brussel, de l’Université libre de Bruxelles et de l’Université Saint-Louis – Bruxelles, rassemblés autour de la recherche mediaclusters.brussels.

Après avoir objectivé l’importance et les composantes du secteur des médias à Bruxelles, précisé la notion de cluster, mais aussi de communauté de pratique, concept qui traduit bien les multiples formes d’interaction de ce secteur où le relationnel est très important, les auteurs livrent plusieurs réflexions à partir de leurs constats.

Un puzzle médiatique

La première est de tenir compte de toutes les entités constitutives des clusters de médias. Certes, les (grandes) entreprises y ont un rôle important à jouer mais, dans un secteur où beaucoup d’indépendants sont actifs et où l’analyse et la créativité priment, les travailleurs et leurs logiques d’organisation sont essentiels au bon fonctionnement d’un cluster. Bref, il faut aussi miser sur le développement du capital humain, ce qui n’est pas évident dans un secteur où une certaine précarité est de mise.

Ensuite, si l’accent est mis sur le projet mediapark.brussels, les parties prenantes devraient avoir conscience de l’existence d’autres clusters de médias à Bruxelles. Faut-il leur offrir les mêmes possibilités de se développer, ou vaut-il mieux tout miser sur mediapark.brussels? Et comment éviter alors que ce projet ne siphonne les activités des autres clusters de médias locaux existant dans la ville?

Enfin, il ne faut pas négliger les tensions que génère un projet tel que le médiapark à Bruxelles. Du fait de ses compétences urbanistiques et économiques, la Région bruxelloise privilégie une approche par le développement territorial et immobilier alors que les communautés flamande et française travaillent dans des logiques plus sectorielles relatives à l’industrie culturelle et aux médias. Il faudra que la rencontre s’opère… Et l’idée de soutenir l’industrie locale se heurte aussi à la volonté d’attirer des acteurs internationaux. Sans oublier qu’il existe une réelle tension entre le fait de développer ou de créer un cluster de médias couvrant un large spectre d’activités et celui de renforcer la spécialisation audiovisuelle de Reyers.

Et Brussels Studies de conclure que fournir une infrastructure à jour est peut-être un bon départ, mais qu’il faut aussi travailler à organiser son appropriation par tous les acteurs du secteur des médias. Vaste programme!
 

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