Les professionnels de l’immobilier et de la construction à la croisée des chemins
La Fondation Palladio, Business Immo et le bureau EY (Ernst & Young, l'un des plus importants cabinets d'audit financier et de conseil au monde) ont publié la deuxième édition du Real Estate and Urban Employment Monitor, fruit d’une enquête réalisée auprès de 900 dirigeants et 500 étudiants de la filière immobilière française. Une mine d’or sur la situation actuelle et les perspectives d’avenir du secteur de l’immobilier et de la construction dont de nombreux éléments résonnent comme un écho de ce qui se passe en Belgique.
Une bonne nouvelle pour commencer. La crise est finie!
Meurtrie par plusieurs années de croissance molle, la filière de l’immobilier et de la ville, au sens le plus large, se régénère. L’activité repart dans la plupart des huit secteurs qui la composent (lire plus bas). L’emploi également. Bien sûr, des incertitudes pèsent encore, notamment fiscales et réglementaires, mais les opportunités de développement qui s’offrent à la filière sont nombreuses et diversifiées.
L’essor fulgurant des nouvelles technologies, entre autres choses, est un formidable levier de croissance. De la conception à la gestion en passant par la réalisation, tous les métiers, toutes les compétences sont bouleversés par le numérique.
Le développement des métropoles est un autre facteur d’accélération. Selon les projections des experts, deux tiers des habitants de la planète seront des urbains d’ici 2050. La ville de demain est donc à inventer.
Mais pour que ces promesses se réalisent, la filière doit se transformer. Elle doit innover davantage. Elle doit anticiper les besoins et les usages de demain pour créer des villes intelligentes, inclusives et plus respectueuses de l’environnement. Et à cet égard, tout ou presque reste à faire.
Youpiiie, j’ai enfin réussi à recruter quelqu’un!
Une filière en pleine croissance
Après des années difficiles, la reprise est enclenchée: avec 3% de croissance, la filière de l’immobilier et de la ville a généré plus de 226 milliards d’euros de valeur ajoutée en 2016.
Cette croissance est 2,5 fois plus rapide que celle de l’économie française (+1,1% au cours de la même période). Elle représente désormais 10,2% du PIB en 2016 contre 10% en 2015.
Trois activités ont particulièrement tiré la croissance vers le haut:
- la promotion immobilière a connu la plus forte augmentation en valeur ajoutée (+16,1%), essentiellement portée par le bond de 21% des ventes de logements entre 2015 et 2016;
- le conseil et l’expertise ainsi que la commercialisation sont portés par une année exceptionnelle du point de vue des transactions immobilières, notamment dans le tertiaire où la demande en bureaux progresse de 7% en Île-de- France et de 8% en régions. Sur le marché de la logistique, elle augmente de 9% avec un doublement pour les entrepôts de plus de 50.000 m².
Poids lourd de la filière, la construction représente environ un tiers de la valeur ajoutée totale et a crû, quant à elle, de 2,3%, soit 1 point de plus que la croissance du PIB. L’exercice 2016 rompt ainsi avec la période 2007-2015 au cours de laquelle une chute de 21% de l’activité avait été observée.
L’accélération de l’activité dans le logement neuf, le faible niveau des taux hypothécaires et les dispositifs gouvernementaux d’aide au logement ont notamment contribué à son dynamisme.
Enfin, le secteur de la gestion immobilière, qui regroupe les acteurs assurant la mise à disposition, le bon fonctionnement et l’optimisation d’un bien immobilier, est également tonique. Sa croissance s’explique notamment par le dynamisme des acteurs du property management (+10% en un an).
L’innovation numérique est systématiquement évoquée par tous les professionnels de l’immobilier et de la ville comme le chantier le plus important.
Entreprises cherchent personnel qualifié désespérément…
Tous les secteurs de la filière ont créé des emplois en 2016, à l’exception de la construction. La filière dans son ensemble accuse toutefois une légère baisse du nombre d’emplois global, ce qui s’explique par les difficultés rencontrées par le secteur de la construction. Alors que ce secteur a perdu 21% d’activité entre 2007 et 2015, ses effectifs n’ont reculé que de 11,3%. Résultat, malgré la reprise de l’activité observée en 2016, de nombreuses entreprises du bâtiment sont toujours en situation de sureffectif. Fin 2016, la Fédération Française du Bâtiment (FFB) estimait qu’il faudrait patienter encore un peu avant que le redémarrage de l’activité se traduise par une reprise des embauches.
Cette situation propre au secteur de la construction n’empêche pas la filière d’être à la recherche de nouveaux profils… qu’elle a toutes les peines du monde à trouver.
Les difficultés de recrutement qui affectent le secteur ne se résorbent pas. Que du contraire. Par rapport à la précédente édition de l’étude, 68% des dirigeants expriment des difficultés de recrutement en 2017 contre 58% en 2016. Seuls 3% des dirigeants ont vu la situation s’améliorer en un an.
Les métiers de l’immobilier souffrent de la concurrence des autres industries, mais surtout d’un déficit d’image, en témoignent les résultats de l’enquête menée auprès des étudiants de la filière. Ainsi, seuls 52% d’entre eux considèrent l’immobilier et la ville comme une filière innovante. Or, il est établi que le caractère innovant d’une filière constitue un élément important pour attirer de nouveaux talents.
L’étude est disponible dans son intégralité sur le site d’EY: www.ey.com