La numérisation est également capitale pour stimuler la collaboration. Ce point est particulièrement important: 62% des participants interrogés lors d’une récente étude de Finalcad – une entreprise française spécialisée dans le domaine de l'optimisation et la numérisation du savoir-faire technique des entreprises du bâtiment – auprès des plus grands chefs d’entreprises français du BTP ont indiqué que le manque de collaboration était la principale cause des retards dans les projets, qui impactent ensuite les résultats. Cette étude a également révélé que les marges bénéficiaires des sociétés de construction atteignaient en moyenne 2% seulement (avant la pandémie) – il est donc clair que le recours aux outils numériques pour améliorer l'efficacité jouera un rôle crucial dans le rétablissement du secteur et sa rentabilité.
Les plateformes et les applications numériques telles que Finalcad constituent un moyen de faire tomber les barrières à la collaboration en offrant un espace central permettant de partager et de visionner les informations et les données du chantier en toute facilité. Toutefois, l'usage de ces outils est souvent limité à un groupe restreint d'utilisateurs, c’est-à-dire aux travailleurs et ingénieurs présents sur le chantier. Pour exploiter toute la valeur d'une application numérique et maximiser la collaboration, les entreprises de construction doivent encourager l'élargissement de ce groupe d'utilisateurs sur le chantier et en dehors. «Lorsque tous les acteurs de la construction (maîtres d’œuvre, sous-traitants, promoteurs, architectes, …) collaborent via ces outils, les bénéfices se répercutent également sur d'autres parties. Par exemple, le client final est en mesure d'accéder à des rapports détaillés d'avancement des projets créés par les entrepreneurs au sein de l'application, tandis que les auditeurs et les assureurs, eux, peuvent vérifier à l'aide des fonctions observations, formulaires et tâches si les travaux ont bien été exécutés dans le respect des réglementations», expliquent les auteurs de l’étude.
Retard et dépassement de coûts: une ardoise qui se chiffre en milliards
Les projets de construction se composent de nombreux éléments mobiles. Entre les travailleurs, les équipements et les matériaux, de nombreux facteurs doivent être coordonnés entre le chantier et le siège. Certaines circonstances imprévues ont également un impact sur l’avancée des travaux. Inévitablement, les retards ont des répercussions sur les coûts, et donc sur les marges bénéficiaires.
L’étude de Finalcad montre qu’en moyenne, les projets de construction connaissent un retard de 7,61%, et 16% des professionnels interrogées ont déclaré que les retards étaient encore plus importants, soit de 11 à 15%. Quant aux dépassements de coûts, ils sont en moyenne de 8,94%, ce qui, vu l’ampleur de nombreux projets de construction, représente plusieurs milliards d’euros.
On a jamais été aussi interconnecté qu’aujourd’hui. Pourtant le manque de communication est l’une des principales causes de retard.
Manque de collaboration et de communication
«Si l’on examine les principales causes de retard, la plus citée est le manque de collaboration et de communication, avec un taux global de 62%! C’est un problème pour toutes les régions et toutes les fonctions, mais plus particulièrement pour les employés sur site.» En effet, bien que la plupart des personnes interrogées conviennent que la collaboration et la communication posent problème, celles présentes sur chantier semblent le ressentir davantage. Avec des nuances selon les pays: en France, ce pourcentage est particulièrement élevé (68%) alors qu’au Japon il est nettement moins important (44%).
Les retards de livraison et les problèmes logistiques sont la troisième cause de retard pour près de la moitié (45%) des personnes interrogées.
Ce phénomène est significatif compte tenu de l’augmentation des constructions modulaires préfabriquée, dont les composants sont construits hors site puis livrés. C’est plus courant en Asie où l’on voit des pièces et des bâtiments entiers construits de cette manière, et simplement raccordés sur place. «Nous verrons sans aucun doute la même tendance se dessiner en Europe, notamment parce que les constructions modulaires préfabriquées contribuent à la réalisation des objectifs environnementaux. Les entreprises de la construction doivent être prêtes à utiliser ces préfabriqués en mettant en place des plateformes digitales capables de stocker des QR codes ou des étiquettes RFID (identification par radiofréquence) pour suivre les composants en temps réel.»
Effet papillon
Les autres causes de dépassement des coûts les plus fréquemment citées sont liées au fonctionnement quotidien d’un projet - notamment la location de matériel plus longtemps que prévu (57%) et des coûts de main-d’œuvre plus élevés que prévu (47%). Il est possible d’éliminer ces problèmes grâce à une meilleure gestion de projet et à une meilleure logistique sur place. C’est un domaine dans lequel la transformation digitale aide à planifier et à synchroniser le matériel et l’équipement en temps réel.
«Ces résultats démontrent la valeur de la digitalisation dans tous les domaines opérationnels, car chaque flux d’action provoque des répercussions sur l’action suivante. Un processus optimisé de gestion des défauts, par exemple, attribuerait automatiquement une réparation à un travailleur et signalerait immédiatement s’il y a eu un conflit dans les travaux, ou si un retard en résultera, ou s’il faut un entrepreneur pour une période plus longue que prévu - plutôt que de compter sur deux personnes sur place qui se parlent pour en discuter. Autant d’éléments qui devraient constituer un élément moteur important de la transformation digitale. En mettant en place un processus digital, il est beaucoup plus facile d’enregistrer de manière proactive les travaux supplémentaires et d’étayer les réclamations, ce qui contribue en fin de compte à augmenter la rentabilité et les marges.»