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Construction

La Filière bois prend le pli 4.0

Le 26 avril 2018, la Filière forêt-bois tenait sa traditionnelle assemblée générale – mieux connue sous la dénomination «Rencontres Filière Bois» – à Libramont dans les locaux du Libramont Exhibition & Congress; une première pour cet événement qui, depuis sa 1ère édition en 2006 s’était toujours tenu à Namur Expo dans le cadre du salon Bois & Habitat.

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Ce changement radical de décor allait de pair, cette année, avec une thématique qui, elle aussi, s’écartait fortement des précédentes. L’intitulé de cette 13e édition était «La Filière Bois 4.0» avec en filigrane la même interrogation qui agite tous les responsables de Pme, s’agit-il d’une aubaine dont la filière tirera une prospérité durable? Ou d’une tempête dévastatrice à laquelle seuls les puissants survivront? Avec en bout de course la même réponse qui laisse tous les responsables de Pme dans l’expectative: qui vivra verra…

De fait, comme le laissait entendre le texte d’introduction, il est maintenant trop tard pour débattre de ces questions. Le numérique est là. Il faut l’apprivoiser pour tirer le meilleur parti de sa puissance. C’est dans cette voie que la 13e édition des «Rencontres» souhaitait d’ailleurs engager l’ensemble de la filière wallonne du bois.

Les Rencontres étaient organisées en deux temps, dans le premier, une séance plénière passait en revue les aussi étonnantes que nombreuses possibilités qu’offre le numérique dans les différents secteurs de la filière. Ensuite, dans un second temps, quatre ateliers permettraient à des professionnels de témoigner des bénéfices que leur procurent déjà les technologies numériques dans les domaines de la production, de la transformation, du commerce du bois et de la formation.

Celui qui n’innove pas est voué à disparaître

 «TOUTES les entreprises et organisations ont vocation à devenir des plateformes, c’est-à-dire à être au cœur des interactions (fournisseurs, clients, salariés et autres parties prenantes) qui leur permettent de remplir au mieux leur mission. Qu’il s’agisse de produire des réacteurs d’avions ou de vendre des services de restauration à domicile, il va devenir de plus en plus nécessaire d’optimiser ces interactions en les automatisant autant que possible pour permettre d’accroître sensiblement leur productivité.» explique Benoît Hucq, directeur de l’ADN (Agence wallonne du numérique).

Face à ces mutations technologiques, deux attitudes se dessinent. Celle de ceux qui voudront conserver les structures passées, les avantages acquis et qui seront balayés par l’histoire. Ou celle de l’adaptation aux logiques nouvelles qui seule permettra d’en profiter, de vivre mieux, plus libres et plus longtemps, mais qui demandera des efforts considérables.

Or, les entreprises wallonnes, tous secteurs confondus, sont encore loin de cet optimum, en atteste le «baromètre de maturité numérique» établi par Digital wallonia, la plateforme numérique de la Wallonie, où le score des entreprises affiche un niveau particulièrement bas…

Les entreprises wallonnes à la traîne du numérique

En cause, la peur du changement tant dans le chef des responsables que dans celui des travailleurs qui y voient un danger pour leur job. Pourtant, à en croire Benoît Hucq, la transition 4.0 peut être vectrice de créations d’emplois. «La seule analyse des emplois potentiellement remplaçables par des machines ou des logiciels ne permet pas de conclure sur l’effet global de la numérisation sur l’emploi. D’ailleurs, en Belgique, alors que le volume d’emplois industriels a diminué de 6% depuis 2012, les lauréats du Programme «Made Different» (programme de sensibilisation et d’accompagnement des entreprises manufacturières dans leur transformation vers l’industrie du futur mis en place par Digital wallonia) ont vu leur nombre de collaborateurs augmenter de 8%.

Signe encourageant pour les entreprises de la filière bois construction, trois entreprises du secteur figuraient parmi les derniers lauréats: Stabilame (entreprise de construction), Mobic (entreprise de construction) et Emac (menuiserie).

Un métier d’avenir dans la Filière bois: pilote de drone

Ingénieur agronome de formation, Philippe Lejeune, enseigne dans les domaines de la gestion forestière et de la géomatique. Dès 2011, son équipe a été une des premières en Europe à mettre la technologie drone au service de l’environnement. Des approches originales d’inventaire forestier ou encore de suivi de la grande faune utilisant ces nouveaux outils ont ainsi été développées.

Pour encadrer au mieux la gestion forestière, les forestiers attendent donc beaucoup de la technologie des drones.

Une aide inestimable en matière de gestion forestière

Une fois n’est pas coutume, la Belgique a fait office de pionnière puisqu’une équipe de chercheurs de Gembloux, Agro-Bio Tech, sous la direction du professeur Lejeune fait déjà usage de drones civils pour réaliser des inventaires forestiers. Concernant l’utilisation de mini-drones pour la gestion forestière, les recherches sont encore en cours. De fait, la photographie aérienne des forêts au moyen d’un drone permet l’étude des écosystèmes forestiers à une échelle spatiale et temporelle inédite et apporte un regard nouveau sur la forêt.

Une productivité incomparable

Production de bois d’œuvre ou combustible, protection contre les aléas naturels, réserve de biodiversité… La forêt endosse de multiples rôles mais les contraintes topographiques ainsi que le manque de personnel compliquent parfois son exploitation. Les apports en matière de technologie numérique peuvent améliorer ce point.

Comme le rapportait le site L’Usine Nouvelle dans un dossier consacré à ce sujet pour estimer, essence par essence, le volume de bois sur pied dans une forêt, il faut aujourd'hui 3 heures par hectare à un technicien muni d'un compas forestier; il doit pour cela mesurer chaque arbre (hauteur et diamètre), sans compter le temps de traitement des données récoltées... Quelque peu fastidieux sachant qu’un drone muni d'un lidar (Light detection and randging ou télédétection par scanner laser aéroporté) pourrait parcourir ce même hectare en quelques minutes seulement. A l’heure actuelle, les Lidar sont encore trop lourd pour être embarqué sur un drone, mais des Lidar plus petits et plus légers commencent à être développés. 

Le numérique est un moyen, pas une fin en soi

André Thomas, enseignant à l’Enstib (Ecole Nationale Supérieure des Technologies et Industries du Bois) à Epinal et chercheur au Cran (Centre de Recherche en Automatique de Nancy) où il co-dirige le département ISET (automatique pour les industries et chaînes logistiques) souligne diverses problématiques industrielles courantes: la perte de pièces dans l’atelier; des problèmes de traçabilité; des commandes souvent incomplètes lors de la livraison, etc.

Dans ce contexte, l’objectif premier consiste à développer un système de pilotage des flux de production en se focalisant sur la machine goulot. Avec des avantages énormes en termes de gains de productivité, de qualité des produits et de leur traçabilité. Une fois que le processus est en route et que le responsable de Pme prend conscience de ce que cela lui apporte, il comprend que l’investissement en valait la chandelle.

Il est vrai que certaines machines ou logiciels sont onéreux mais les entreprises, si elles veulent survivre, n’ont pas d’autre choix que d’emprunter la voie du numérique. La filière bois est concernée dans tous ses métiers. Mais chaque entreprise a sa spécificité qui nécessite donc des solutions numériques adaptées. Tous les intervenants n’ont d’ailleurs pas oublié de rappeler en préambule de leur exposé que le numérique n’est aucunement une fin en soi mais seulement un moyen.

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