Carrefour en Diamant de Corbais : Une premiere en Wallonie
Avec le développement de Louvain-la-Neuve, et de la zone située au nord, sur le territoire de Mont-Saint-Guibert, le rond-point dit de la planche à voile installé au bout de la nationale 25 est vite devenu inadapté à l’important flux de circulation. La SOFICO y oeuvre donc à la mise en place d’un carrefour en diamant, le tout premier du genre en Région wallonne.
Un ambitieux chantier visant à réaménager complètement le carrefour formé par la N4-N25-E411/A4 a débuté fin 2023. Avec l’idée de faire sortir de terre le premier échangeur en diamant de Wallonie, à l’image de ceux que l’on voit fréquemment sur de grands axes de circulation aux Etats-Unis ou en Indonésie. Prévu pour une mise en service au printemps 2026, le chantier implique plusieurs défis de taille : phasage des travaux, régulation de la circulation pendant toute la durée du chantier, étude de stabilité pour la construction des trémies, aménagements prospectifs en termes de mobilité durable et de multimodalité etc. Pour en savoir plus, nous avons interrogé le chef de projets à la direction des routes du Brabant wallon. “Le chantier consiste en un réaménagement total de l'échangeur de Corroy-le-Grand et du croisement de la nationale 4 avec la N25. L'idée est de hiérarchiser le réseau et de permettre une fluidification du trafic” souligne David Ksenicz. Et l’ingénieur de souligner la nécessité absolue de trouver une alternative aux mouvements de vire à gauche qui sont de nature à ralentir le trafic de manière notable.
Stop aux vires à gauche
Le projet de réaménagement du rond-point de la planche à voile a donc précisément veillé à maintenir une fluidité maximale sur la N25 en permettant aux usagers venant de Nivelles par la N25, ainsi qu’aux véhicules souhaitant se diriger vers Louvain-la-Neuve, de bifurquer sans entraver le trafic venant d'en face. David Ksenicz: "Le carrefour réaménagé va permettre de passer sous la nationale 4. Les usagers qui voudront rejoindre directement la E411 depuis Nivelles ou, inversement, ceux qui veulent se diriger vers Nivelles depuis la E411 pourront le faire directement sans croiser la circulation venant en sens inverse"
Aménagements cyclables en vue d’établir une fonction avec la cyclostrade
En procédant de la sorte, la SOFICO espère libérer de tout croisement intempestif cet axe majeur inscrit au cœur d'une des zones économiques les plus dynamiques du Brabant wallon. L'opération permettra par ailleurs d'aménager des pistes cyclables bien pensées. A propos des aménagements cyclables, cette opportunité de faire le lien entre les pistes cyclables et d’autres aménagements n’a pas échappé à la SOFICO. David Ksenicz: "Des pistes cyclables vont être créées vers Mont-Saint-Guibert et vers Corroy-le-Grand afin de rejoindre la future cyclostrade de la Nationale 4 (...) La piste cyclable de l'axe Corbais/Louvain-la-Neuve sera unidirectionnelle, tandis que la piste cyclable de l'axe Corroy-le-Grand sera bidirectionnelle. Au rang des aménagements pensés pour une mobilité intelligente, et afin de favoriser le développement de la multimodalité, notons encore qu'un parking de covoiturage d'environ 135 places sera aménagé en bordure du carrefour en diamant. Il sera complété par un parking couvert pour les vélos, conformément à ce qui avait été programmé dans le cadre du Plan Mobilité et Infrastructures Pour Tous.
Un exutoire pour les terres excavées
Depuis peu, les travaux de la deuxième phase ont été engagés avec l’objectif de réaliser la double trémie amenant le trafic de la E411 venant de Namur vers le carrefour de la planche à voile. Cette partie du chantier nous intéresse particulièrement, dans la mesure où le creusement d’un tel ouvrage dans le sol ne s’improvise pas, tant les volumes de terres à excaver sont importants. Ici, David Ksenicz et les équipes de la SOFICO et du SPW Mobilité et Infrastructures ont trouvé une solution bien pratique : “Nous sommes dans une région sablonneuse, et pour terrasser, il n’y a rien de tel. Le sable porte bien on est sur quelque chose qui draine l’eau de manière excellente. Lorsqu'on descend à 6 ou 7 mètres, ce qui pose en revanche le plus de problème, c'est la capacité à réutiliser les terres excavées. Ici, nous avons prévu de les réutiliser à l’échangeur de Louvranges, le long de la E411, un peu avant Wavre, afin de confectionner un merlon anti-bruit. Il nous reste à déterminer la nature précise des terres, et de voir avec les experts la part de sable et de limon qui la compose. Actuellement, c'est ce qui nous embête le plus”.
Outre la fluidification attendue, la conception du carrefour en diamant permet d’intégrer de manière plus sécurisée, car plus visible, les déplacements piétons et cyclistes. En effet, jusqu’ici, les conducteurs des véhicules qui aboutissaient au rond-point avaient leur esprit tout absorbé par les véhicules engagés dans le rond-point, détournant leur attention des usagers faibles comme les piétons ou les cyclistes. La structure en diamant règle ce problème dès lors que des feux permettront d’alterner le passage des véhicules en surface, autorisant ainsi un passage sécurisé des piétons et des cyclistes à ces endroits. Pour ce faire, le projet prévoit l’installation de feux adaptatifs. David Ksenicz : “Il s’agit de feux adaptatifs avec une phase fixe qui peut s’allonger en fonction des circonstances : arrivée d’un bus, demande de passage introduite par un piéton etc. Il ne s’agit donc pas strictement de feux intelligents comme ceux que l’on retrouve aux Emirats arabes unis, qui s’adaptent de manière très active au trafic (...) Cependant, les feux du carrefour de Corbais seront équipés de modules 4G/5G permettant de détecter toute anomalie et d’en identifier la nature. Jusqu’ici, ces problèmes n’étaient détectés qu’au passage d’un technicien dans la cabine de pilotage”.
En matière d’aménagements routiers, on sait désormais toute l’importance de se projeter bien des années plus tard afin de définir autant que possible les évolutions probables susceptibles d’avoir un impact sur le trafic. En l’espèce, les responsables du projet sont bien conscients du rôle d’aspirateur à voitures que peut jouer ce genre d’aménagement routier. David Ksenicz : “Lorsqu’un nouvel aménagement est proposé, on se rend compte qu’il amène plus d’automobilistes à l’emprunter, ce qui augmente à nouveau le risque de saturation. Nous sommes ici sur la dorsale ouest-est du Brabant wallon, non couverte directement par les infrastructures du RER (la gare RER la plus proche étant celle d’Ottignies, à 7kms de là). Nous aurions la possibilité d’ouvrir une deuxième bande de circulation dans le sens Nivelles vers la E411, mais nous n’allons pas le faire. Cela pourra se faire ultérieurement, en cas de besoin avéré”. Selon l’ingénieur, ce genre de décision ne peut se prendre à la légère, car résorber un goulot à un endroit risque toujours d’en créer un ailleurs... Autre signe d’anticipation : la hauteur sous tunnel. Classiquement, celle des tunnels de Wallonie est de 4 mètres, mais les retours des collègues travaillant en province de Luxembourg a permis de constater que cette hauteur était là-bas trop juste pour les camions transportant des grumes. Raison pour laquelle il pourrait être décidé à terme de fonctionner avec une hauteur de 4,5 mètres.
Le chantier du réaménagement en diamant représente un budget significatif, un des plus importants de la législature. Il atteint en effet 24 millions d‘euros HTVA. Financé par la SOFICO, maître d’ouvrage, pour un montant de 21 millions d’euros HTVA, et par l’intercommunale inBW pour un montant de 3 millions d’euros HTVA, impliquée pour ce qui concerne les aménagements bordant et connectant le Parc scientifique tout proche. C’est le bureau d’étude SBE qui a été chargé de la réalisation des études techniques. Quant à l’exécution des travaux, elle a été confiée à la société tournaisienne TRBA, omniprésente ces dernières années sur de nombreux chantiers majeurs en Wallonie.