La CCW, par la voix de M. Carnoy, a profité de cette occasion pour rappeler, elle aussi, combien la construction était une filière structurante et à haute valeur stratégique de l’économie wallonne avec 6% de la valeur ajoutée et 7% de l’emploi total de la Région. Et de rappeler que chaque million d’euros investi par le secteur génère quelque 10 emplois par an dans l’ensemble de l’économie wallonne. Un tableau plutôt positif donc, mais assombri par une série de points faibles qu’ont étudiés les économistes de la Région: faiblesse structurelle de la demande publique et privée; lacunes du tissu économique wallon; révolution numérique et dumping social.
Double dumping
Francis Carnoy a évoque un double dumping, social d’abord et qui se solde par la perte de 7.000 emplois en 4 ans dans la construction wallonne, mais aussi dumping sur la production des matériaux, la concurrence s’étant elle aussi internationalisée. Les châssis produits à moindres coûts en Pologne en sont un exemple.
Un colosse aux pieds d’argile
Et Francis Carnoy de conclure que si la construction regagne peu à peu du terrain et que si personne ne lui conteste son statut de colosse de l’économie, elle reste un colosse aux pieds d’argile face aux menaces actuelles. A ce propos, les priorités de la CCW portent sur la relance des investissements publics et privés, sur la lutte contre le dumping et sur le soutien aux Pme, producteurs et travailleurs locaux. Le soutien à la formation en alternance, les labels de qualité ou encore la force d’innovation sont des outils incontournables dans cette stratégie afin de permettre de transformer ces menaces en opportunités pour le futur, a conclu M. Carnoy.
Plus d’attention pour la construction
Autant de constats reçus 5 sur 5 par le ministre-président Willy Borsus qui n’a pas manqué d’affirmer la volonté du Gouvernement wallon d’être plus attentif au secteur de la construction. Une politique qui devrait emprunter grosso modo des axes semblables à ceux préconisés par la CCW: lutte contre le dumping social; libération de budgets pour des investissements publics et privés, notamment via le Plan fédéral d’investissement à venir; soutien aux Pme et indépendants et une meilleure adéquation entre la formation des demandeurs d’emploi et le secteur, sachant que quelque 58 métiers sont en pénurie au Sud du pays.
Futur rendez-vous annuel?
Mais, au-delà de ces états des lieux, Batimoi Pro a rempli sa mission en déclinant le verbe réseauter sur différents modes. Une cinquantaine d’exposants et environ 500 participants inscrits ont apporté leur pierre à cet événement. Parmi les exposants, outre des fédérations et autres groupements, les matériaux, les services à la construction, la sécurité au sens large, allant des épis (équipements de protection individuelle) au matériel, l’outillage, les véhicules utilitaires étaient bien représentés, tout comme La Chronique, elle aussi interlocuteur média de la construction.
Batimoi Pro deviendra-t-il pour autant un rendez-vous wallon annuel du secteur de la construction? L’heure est d’abord au bilan et aux conclusions.