Humidité dans les murs creux : comment éviter les pièges ?
Les murs creux jouent un rôle clé dans la protection des bâtiments contre l’humidité, à condition qu’ils soient bien conçus et correctement réalisés. Une simple erreur peut compromettre cette protection et en faire un véritable point faible, favorisant les infiltrations, les dégradations et l’inconfort.
Évolution des demandes d’avis techniques
Chez Buildwise, les demandes d’avis techniques concernant la présence d’humidité dans les bâtiments ont augmenté de 50 % au cours des deux dernières années.
Cette tendance s’explique en grande partie par la multiplication des épisodes pluvieux, mais surtout par l’augmentation de leur intensification et de leur durée. Les façades orientées entre le sud et l’ouest sont les plus touchées.
Le mur creux : un système à double barrière d’étanchéité
Le mur creux fonctionne comme une double barrière :
· le parement extérieur freine l’eau de pluie
· la coulisse drainée sert de barrière anticapillaire et permet d’évacuer l’eau traversant le parement.
On sous-estime souvent la quantité d’eau pouvant s’écouler dans la coulisse. Lorsque la maçonnerie de parement est saturée, comme lors de pluies battantes prolongées, jusqu’à 50 % de l’eau frappant la façade est susceptible d’y pénétrer. Cette fraction d’eau augmente en fonction de plusieurs facteurs, parmi lesquels on compte :
· la capillarité du parement
· l’exposition aux pluies battantes
· la quantité de joints ouverts, notamment en cas de pose collée des briques de parement
· la présence de fissures et autres irrégularités.
Bien que l’on parle de double barrière, il ne faut pas négliger l’importance d’une bonne étanchéité à l’air, généralement assurée par les finitions intérieures. Sans cette protection, l’humidité présente dans la coulisse peut migrer vers l’intérieur du bâtiment sous l’effet des mouvements d’air, accroissant ainsi les risques d’infiltration.
Les membranes de drainage
Outre les risques liés à l’humidité ascensionnelle (remontées capillaires), une membrane mal placée ou mal positionnée peut également entraîner des infiltrations dans le bâtiment. Les membranes de drainage doivent impérativement être installées en pied de mur, ainsi qu’à chaque interruption horizontale de la coulisse.
Voici quelques erreurs courantes à éviter :
· une membrane placée trop haut par rapport à l’interruption
· la présence de poches dans la membrane de drainage (panse de vache), ce qui favorise l’accumulation d’eau dans la coulisse
· un recouvrement insuffisant des membranes (jamais inférieur à 150 mm, idéalement avec une jonction soudée ou collée)
· l’absence de relevé latéral aux extrémités (voir figure 1).
Les joints ouverts
Les joints ouverts jouent un rôle essentiel dans l’évacuation de l’eau présente dans la coulisse. Il est recommandé de prévoir au minimum un joint par mètre au-dessus des membranes, afin d’assurer un drainage efficace.
Voici quelques erreurs courantes à éviter :
· des joints mal évidés, notamment lors du jointoyage de la façade : rien ne doit entraver l’écoulement de l’eau
· des joints situés sous le niveau du revêtement extérieur
· des joints obstrués par l’encrassement ou par des travaux ultérieurs.
La lame d’air
La lame d’air n’est nécessaire que lorsque la coulisse ne contient pas d’isolant souple et hydrofugé. Elle sert de barrière anticapillaire et permet l’aération de la coulisse, facilitant ainsi l’évacuation de l’humidité accumulée dans celle-ci. L’épaisseur minimale recommandée est de 3 cm, mais elle peut être réduite à 2 cm dans le cas d’une maçonnerie de parement collée.
Voici quelques erreurs courantes à éviter :
· la présence de gravats, qui entrave l’écoulement de l’eau et crée des ponts capillaires
· un isolant non hydrofugé mal fixé, en contact avec le parement.
Attention aux traversées de la coulisse
Les éléments traversant la coulisse, tels que les câbles électriques, les conduits de ventilation ou les attaches d’ancrage (crochets), constituent des points sensibles pouvant favoriser les infiltrations s’ils ne sont pas correctement traités.
C’est pourquoi tout élément traversant la coulisse doit :
· soit être incliné de manière à évacuer l’eau vers l’extérieur
· soit être équipé d’un larmier (casse-goutte) au niveau de la coulisse.
Par ailleurs, il convient de ne jamais percer les membranes de drainage.
Cas courant : jonction d’une toiture plate à un mur creux existant
La jonction entre un mur creux existant et une toiture plate, notamment dans le cas d’une extension accolée au bâtiment principal, est un détail constructif particulièrement délicat en matière d’étanchéité à l’eau et à l’air. En effet, il est crucial d’interrompre la coulisse sur tout le pourtour afin :
· de garantir la continuité thermique
· de bloquer la progression d’humidité entre les deux ouvrages.
L’installation d’une membrane de drainage au-dessus de la jonction est indispensable pour bloquer toute infiltration d’eau entre les deux ouvrages. Une alternative consiste toutefois à empêcher l’eau d’atteindre la coulisse, par exemple en ajoutant un bardage devant le parement.
Attention aux mauvais diagnostics
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, certains problèmes d’humidité semblant provenir du bas du mur peuvent en réalité trouver leur origine bien plus haut. En effet, dans une structure composée de blocs en terre cuite, par exemple, les alvéoles verticales traversantes offrent peu de résistance à l’écoulement de l’eau, qui peut percoler librement jusqu’à la membrane anticapillaire située en pied de mur. Les blocs de terre cuite étant peu capillaires, l’humidité peut n’apparaître qu’en bas du mur, créant l’illusion d’un problème d’humidité ascensionnelle depuis le sol.
Un diagnostic minutieux permet souvent d’identifier la véritable origine du problème et d’éviter des interventions inutiles et coûteuses.
Résumé d’un article paru en p. 18-19 du Buildwise Magazine mars-avril 2025. Seul l’article original de Buildwise, rédigé dans le cadre de l’Antenne Normes ‘Détails constructifs’ subsidiée par le NBN, peut être cité en référence.