Exploit impressionnant pour une transformation héroïque
Le bâtiment emblématique Royale Belge à Watermael-Boitsfort a subi une rénovation majeure. Après plusieurs années de vacance, un prestigieux projet de réaffectation donne une seconde vie à cet immeuble de bureaux. Cela a nécessité une transformation durable avec plusieurs ajustements techniques conséquents. L’élément le plus spectaculaire est sans doute la création d’un atrium avec un axe de circulation central.

Le design audacieux de René Stapels et Pierre Dufau pour l’ancien siège social de Royale Belge, devenu plus tard AXA Belgium, est un exemple emblématique de l’architecture d’entreprise luxueuse des années 60. Grâce à ses étages inférieurs transparents, ses niveaux en forme de croix, son exosquelette en acier corten et son vitrage miroir couleur bronze, il est devenu une icône architecturale reconnue par les passionnés du genre. Avec un plan ambitieux de réaffectation, Souverain 25 a sauvé le bâtiment, inoccupé depuis 2017, de la déchéance. L’objectif était de transformer le complexe de bureaux en un espace multifonctionnel avec un minimum d’interventions architecturales, tout en préservant ses éléments caractéristiques. « Le bâtiment offre aujourd’hui encore 21.000 m² d’espaces de bureaux, mais aussi un hôtel quatre étoiles avec 140 chambres et 40 suites, des espaces de coworking et de séminaires, trois restaurants, un auditorium de 300 places, des salles de réunion et un centre de fitness de 5.000 m² avec piscines intérieure et extérieure », explique Daan Watté, chef de projet principal en charge des travaux pour l’entrepreneur général CIT Blaton.
Rénovation de façade par phases
La transformation a nécessité des interventions particulières. « Nous avons d’abord entièrement vidé l’intérieur, à l’exception des revêtements en marbre des murs et sols autour du noyau central, ainsi que quelques éléments précieux du hall d’entrée. Ces éléments ont été soigneusement protégés. Toutes les installations techniques, les conduites, gaines et locaux techniques ont été entièrement retirés. Ensuite, nous avons procédé à la dépose des vitrages et des châssis des murs-rideaux par zones, de manière phasée. Cette approche suivait le rythme des études et de la production des nouveaux éléments, tout en limitant le volume ouvert à l’extérieur », précise Daan Watté. Les nouveaux murs-rideaux et vitrages respectent l’esthétique d’origine tout en offrant de meilleures performances thermiques. Le fabricant de verre AGC et Bureau Bouwtechniek ont développé un nouveau revêtement qui confère au vitrage à haut rendement une forte réflectivité dorée. « Nous avons également remplacé les profilés intermédiaires en acier corten par de nouvelles poutrelles UPN 100 en corten. Les garde-corps en corten autour des terrasses du deuxième étage ont également été largement rénovés. »
Atrium à couper le souffle
À l’intérieur, les interventions structurelles étaient plus lourdes. « Nous avons intégré deux piscines de 25 m – une intérieure et une extérieure – dans la structure existante, ce qui a nécessité des adaptations des colonnes, poutres et planchers de l’ancienne cave à voitures. Nous avons également dû bétonner des ouvertures pour des escalators et pour le passage des techniques. D’anciens puits d’ascenseur ont été réaménagés avec des planchers intermédiaires pour les transformer en cages d’escaliers », poursuit le chef de projet. La circulation dans le bâtiment a été repensée, ce qui a impliqué la création de nouveaux escaliers entre les niveaux du socle. Le point fort est l’axe de circulation central dans l’atrium, d’un diamètre de 21 mètres. « Un large escalier en spirale relie les différents étages. Pour créer cet atrium, nous avons démoli un noyau d’escalier et une gaine technique, tout en maintenant le plafond du deuxième étage. Cela a nécessité de soutenir ce plafond sur une grande hauteur, durant la construction des colonnes, murs circulaires et de l’escalier suspendu. Ce qui est particulier, c’est que nous avons conçu les nouvelles colonnes comme support temporaire, en plaçant un tube d’acier porteur en leur centre, ensuite coulé dans du béton pour correspondre à l’aspect des colonnes existantes. Grâce à cette méthode, aucune autre structure de soutien n’était nécessaire, laissant l’espace libre pour les travaux. Étant donné que l’atrium surplombe trois niveaux de sous-sol, un vaste système d’étais a été mis en place jusqu’à la dalle de fondation », explique Daan Watté.
Beaucoup de ces nouveaux éléments en béton restent visibles et ressemblent au béton des années 60. « Les marches de l’escalier ont été recouvertes d’éléments préfabriqués en granito et les paliers intermédiaires coulés sur place. L’ensemble de l’escalier est équipé d’un garde-corps en verre avec éclairage LED intégré. »
Tour de force technique
Le volet technique était encore plus complexe à exécuter dans des délais records. Les installations techniques sont réparties dans tout le bâtiment : les quatre toitures sont couvertes au maximum de panneaux photovoltaïques, le local du 11e étage abrite les unités de traitement d’air pour les bureaux, tandis que celles de l’hôtel et du lobby sont dissimulées dans un étage technique difficile d’accès entre le socle et la tour hôtelière. « L’acheminement des unités d’air et des gaines vers cet étage intermédiaire a nécessité des manœuvres particulières. L’installation du HVAC, de la haute tension, de la distribution d’eau et du système sprinkler a été plus simple au niveau -2, où se trouve une grande zone technique. Dans un volume séparé, relié par un tunnel souterrain au bâtiment principal, l’ancienne chaufferie au mazout a été remplacée par trois chaudières à gaz performantes. Résultat : sur les trois majestueuses cheminées, une seule reste en usage. Depuis cette zone, les tours de refroidissement sont également alimentées », ajoute Daan Watté.
Logistique complexe maîtrisée
L’emplacement unique – en bordure de Watermael-Boitsfort et d’une zone Natura 2000 – a posé de nombreux défis logistiques. « Le bâtiment se trouve au bord d’un bel étang et est entouré de douves. Nous avons asséché celles-ci pour en faire une zone de stockage. La grue à tour a été installée sur le toit du parking. Grâce à un châssis adapté, ses charges étaient transférées via les colonnes existantes du sous-sol. Ce choix d’emplacement n’a cependant pas facilité le montage et le démontage de la grue », raconte Daan Watté.
Des quatre ailes du bâtiment, seules deux étaient accessibles par un monte-charge extérieur. « L’un a principalement servi à acheminer les matériaux de façade. L’autre était dédié aux matériaux de finition et aux équipements techniques. La distribution des matériaux dans les différents volumes de la tour était un travail intensif. Pour y remédier en partie, nous avons maintenu le monte-charge existant en service aussi longtemps que possible et utilisé les nouveaux ascenseurs comme monte-charges dès que possible. »
Restauration des terrasses extérieures
Les aménagements extérieurs ont également été restaurés avec soin. « En particulier, le dallage des terrasses extérieures : nous avons remplacé les anciens dalles en béton de 250 kg par de nouvelles de 80 kg, reprenant les dimensions d’origine et imitant autant que possible la teinte rouge. Leur pose n’a pas été aisée, notamment sur les terrasses des 1er, 2e et 9e étages », conclut Daan Watté.
Maître d’ouvrage : Souverain 25 (Cores Development, Urbicoon, Foresite et Ape)
Conception : Caruso St John Architects (Royaume-Uni), Bovenbouw Architectuur, DDS+, MA², Atelier Eole Paysagistes
Études : Lemaire ingénieurs (stabilité), Bureau Bouwtechniek (faisabilité, façade, sécurité incendie, PEB)
Entrepreneur principal : CIT Blaton
![]()
Nous avons reconstruit les façades par phases avec un mur-rideau aux performances thermiques améliorées.
![]()
Pour soutenir le plafond au-dessus de l’atrium, nous avons développé une approche structurelle innovante.