Urban mining: nos villes valent de l'or
Tandis que les déchets s'amoncellent dans les décharges du monde entier, les matières premières se raréfient et les processus d'extraction sont de plus en plus complexes, coûteux et énergivores.
Cherchez l'erreur.
Les pays industrialisés ont accumulé une importante quantité de minerais et de métaux afin de construire bâtiments, avions, électroménager, téléphones portables, et de développer des technologies toujours plus perfectionnées (notamment dans le domaine des énergies renouvelables). Si les gisements naturels s'épuisent, les villes des pays industrialisés, elles, sont devenues de véritables mines urbaines. On y trouve de l'aluminium, du cuivre, du platine, du rhodium, du palladium... En raison de leurs propriétés intrinsèques, ces métaux sont recyclables quasiment à l'infini. Et pourtant, cette richesse des villes reste, pour l'essentiel, inexploitée.
De plus en plus de recycleurs regardent néanmoins avec convoitise cette véritable richesse qui dort sur ce que le commun des mortels considère comme une montagne de déchets et se sont mis en tête de l'exploiter. Ce phénomène est désormais connu sous la dénomination anglo-saxonne d'urban mining.
En l'occurrence, l'urban mining consiste à extraire les minerais et métaux des bâtiments condamnés, des avions en fin de vie, des appareils électriques et électroniques hors d'état de fonctionnement dans une démarche d'économie circulaire. Ce concept est particulièrement intéressant, parce qu?il transforme la ville en véritable centre de production et qu?il permet de concevoir les déchets non plus seulement comme un fardeau, mais aussi comme une opportunité.
La caverne d'Ali Baba se cache sous nos décharges
Les appareils électroniques, par exemple, recèlent des dizaines de métaux précieux et de terres rares (18 éléments chimiques dotés de propriétés exceptionnelles) essentiels dans la fabrication des différents composants. Un smartphone contient en moyenne 300 mg d'argent et 30 mg d'or, mais également du néodyme, du terbium et de l'yttrium, du tantale, du lithium, de l'aluminium... Pourtant, seulement 15 à 20% des déchets électroniques sont recyclés chaque année dans le monde. Tout ça alors qu?il est possible d'extraire plus d'or dans une tonne de circuits électroniques provenant de téléphones portables (environ 150 g) que dans une tonne de minerais (à peine 5 g)!
Idem en ce qui concerne nos rues, elles aussi couvertes de métaux précieux: les pots catalytiques en particulier rejettent dans l'atmosphère d'infimes particules de platine, de palladium ou encore de rhodium qu?on peut récupérer avant de les réutiliser. Encore un bel exemple d'économie circulaire!
Si l'urban mining a d'importants défis à relever, le potentiel est énorme. La récupération des matières premières qui dorment dans les villes pourrait devenir une source importante et moins polluante d'approvisionnement en métaux, permettant par la même occasion de réaliser d'importantes économies d'énergie, de réduire le volume des déchets et de limiter au maximum l'extraction de matières premières non-renouvelables dans une terre déjà durement éprouvée par nos incessantes activités d'extraction.