Règles et labels énergétiques européens: clichés et vérités
Depuis le 26 septembre, tous les nouveaux appareils de chauffage et chauffe-eau relèvent d'une nouvelle réglementation européenne, assortie d'un label énergétique. L'objectif est de contraindre les Etats membres à réduire de 20% leurs émissions de CO2 d'ici 2020, de 20% leur consommation d'énergie et à augmenter de 20% le recours aux sources d'énergie renouvelables. Steven Deygers, expert chez Remeha, se penche sur l'impact de cette réglementation en Belgique et met en garde contre certaines idées fausses, pièges, voire de possibles subterfuges et exceptions. Trucs et astuces en 10 points.
1. La loi et le label ne concernent pas tous les appareils
La législation en matière de performances énergétiques minimales et de critères environnementaux s'applique spécifiquement aux chaudières et aux chauffe-eau qui affichent une puissance allant jusqu'à 400 kW. Elle s'applique également aux échangeurs de chaleur et aux réservoirs d'eau chaude d'une capacité inférieure ou égale à 2.000 litres. Le label énergétique, pour sa part, ne concerne que les appareils de chauffage et les systèmes hybrides (chauffage et eau chaude) d'une puissance allant jusqu'à 70 kW ainsi que les préparateurs d'eau chaude sanitaire et les chauffe-eau d'une capacité allant jusqu'à 500 litres.
2. L'installation dans son ensemble
Il ne faut pas uniquement tenir compte de la chaudière, mais plutôt de l'installation dans son ensemble avec le thermostat, une pompe à chaleur et/ou un chauffe-eau solaire. C'est pour cette raison que des labels «groupés» ou labels dits de «package» viennent s'ajouter aux labels de produits.
3. Un label n'est pas l'autre
Un label détermine la performance d'un produit en termes d'efficacité thermique et, le cas échéant, de production d'eau chaude. L'échelle de valeurs utilisée par exemple pour les appareils de chauffage va de G à A++. Toutefois, un même label recouvre des gradations en termes d'efficacité. C'est ainsi que l'efficacité de deux produits associés à un même label A peut s'avérer quelque peu différente. Une chaudière se situant dans la tranche supérieure du label A peut par exemple obtenir un label A+ si elle est associée à un thermostat intelligent.
4. La Peb reste en vigueur
Du moins pour les nouvelles constructions et les grosses rénovations. 'Ainsi, les installateurs continueront de s'appuyer sur la réglementation existante en matière de Peb pour mettre en 'uvre les solutions les moins énergivores possibles. La réglementation ErP (Energy related Products), quant à elle, s'appliquera plus particulièrement en cas de remplacement d'une installation de chauffage.
5. Sursis jusqu'au 1er janvier 2018 pour les chaudières de type B1
Les chaudières dites atmosphériques, que l'on rencontre fréquemment dans de grands immeubles à appartements dans de nombreuses villes européennes, bénéficieront de quelques années de sursis. Il s'agit souvent de biens gérés par un syndic où il s'agira de remplacer un nombre élevé d'installations, mais également 'd'assainir et de réaménager des cheminées.
6. Liquidations de stocks à des prix de dumping
Gare à l'effet de liquidation des stocks. En effet, jusqu'à épuisement des stocks, il est possible, en tant que consommateur, de faire installer des appareils dépourvus de tout label. L'absence de label étant généralement synonyme de piètre efficacité énergétique, c'est là un piège à éviter.
'Aucun autocollant ne remplacera jamais un bon installateur.'
7. La solution passe-partout n'existe pas
Le marché belge du chauffage est placé sous le signe du sur mesure. Il est dès lors important de connaître les exigences des consommateurs en termes de confort de chauffage et de production d'eau chaude.
8. Echappatoire pour les citoyens moins bien lotis ou peu intéressés
La législation offre diverses possibilités aux personnes qui ne sont pas intéressées par un remplacement complet de leur installation. On pense par exemple aux seniors qui cherchent une place dans une maison de soins. Si leur chaudière tombe en panne, sans que le brûleur ne soit concerné, il leur est possible de remplacer uniquement la chaudière. Dans ce cas précis, ni le brûleur, ni la 'chaudière ne recevront de label. Cette exception joue en faveur du marché de remplacement. Néanmoins, si l'installateur remplace malgré tout les deux équipements, le duo d'appareils, dûment testé, devra obligatoirement être assorti d'un label de produit.
9. Le meilleur label possible' Pas forcément
Le consommateur cherchera probablement le meilleur label possible. A savoir: A++ pour un label produit, A+++ pour un label groupé. Toutefois, le prix n'est pas le seul paramètre. Il se peut en effet que le produit concerné ou la combinaison de produits choisie ne soit pas le scénario le plus adapté aux besoins. D'où le rôle primordial des professionnels, également conseillers.
10. Un chauffage peu énergivore rapporte plus qu'un placement en banque
Pas d'étonnant dans la mesure où la fixation du cours annuel du gaz naturel est associée à une indexation annuelle générale de 3,5%.
Bref, conclut Remeha, la nouvelle réglementation et les labels auront pour effet de clarifier la situation, mais aucun autocollant ne remplacera jamais un bon installateur. Qu'on se le dise!