Quand l’éclairage fait pousser le gazon des terrains de foot…
Quand on regarde un match de foot, on pense rarement à ce qui se passe sur les terrains une fois les projecteurs éteints. Au soin qu’il faut apporter au gazon, par exemple. Et ce n’est pas un détail. On l’a vu, il y a peu, lorsque le Sporting de Charleroi a dû remplacer toute la pelouse de son terrain en quelques heures à la veille d’un match-clé. Cela s’est de suite chiffré en centaines de milliers d’euros.
Deux entrepreneurs – l’un Sérésien et l’autre Breton – ont mis en commun leurs savoir-faire respectifs pour développer un régénérateur de terrains sportifs de la nouvelle génération. Et non seulement cela pousse mais cela s’exporte aussi.
Cette nécessité d’innover dans ce secteur est apparue comme une évidence à MM. Sparfel père et fils, à la tête de l’entreprise Sparfel. Cette société de Ploudaniel (en Bretagne) est spécialisée, depuis plus de 45 ans, dans le domaine des sols sportifs et possède plusieurs brevets à son actif. Durant l’été 2014, les deux hommes se sont rendus à Seraing dans les locaux de la société Colasse. Celle-ci est active, depuis une douzaine d’années, dans la fabrication de luminaires leds, avec en outre des applications horticoles.
Ainsi est né, quelques mois plus tard, le LTE® (acronyme de Led Turf Evolution). Ce photosynthétiseur intègre une technologie d’éclairage innovante, développée par Colasse: Velire® (pour VEgeled Lighting for Integrated Rolling Equipment). L’appareil permet de mieux faire pousser le gazon des pelouses de stades grâce à un procédé qui accélère la photosynthèse, c’est-à-dire la réaction chimique essentielle à la vie de toute plante.
En quoi le LTE® est-il innovant?
Les systèmes d’accélération des pelouses sportives de l’ancienne génération étaient lourds. Ils abîmaient les terrains et il fallait toujours de l’aide pour les déplacer. Leur câblerie était imposante et leur rangement, difficile. Sans compter qu’ils étaient très énergivores. Le LTE® peut faire valoir, entre autres atouts, une meilleure répartition du poids, une autonomie de 100% avec un contrôle à distance, un faible taux d’encombrement ainsi qu’une consommation énergétique réduite de moitié. Pour la première fois, un appareil équipé de micro-leds est capable de créer un microclimat en gérant la qualité de la lumière, la température, l’hygrométrie (humidité de l’atmosphère) et le CO2. Autant d’éléments indispensables à la photosynthèse des plantes. Dans la pratique – et à l’échelle d’un terrain de foot – il fonctionne à l’identique des robots-tondeuses autonomes de nos jardins.
Et combien ça coûte?
L’appareil constitue certes un investissement, mais le coût global d’exploitation reste moindre. Il est également proposé à la location avec un contrat d’assistance-maintenance. Florian Sparfel, Président de Global Stadium Development, précise et chiffre: «Les consommables, les leds reviennent beaucoup moins chers que les lampes à sodium qui sont aujourd’hui utilisées. Comptez pour l’électricité et le CO2, 15.000 à 20.000 euros par an pour le LTE tandis que les appareils équipés de lampes à sodium coûtent 80.000 à 150.000 euros par an, et ce rien qu’en électricité. Cela représente donc, en termes de coûts d’exploitation, une réduction de 80-85%».
Le prototype du LTE® est fonctionnel depuis plusieurs saisons au Stade de Roudourou, le terrain du club de Guingamp qui figure dans le top 5 des pelouses de Ligue 1 depuis 3 ans.
En termes de perspectives entrepreneuriales, cela laisse présager de belles opportunités à l’export. Enfin, le concept est déjà fort courtisé tant chez nous qu’en France, les deux chefs d’entreprise à l’origine du concept ont ainsi déjà été approchés en vue de partenariats à venir.