La situation des entreprises du secteur de la roche ornementale – 35 carrières de tailles diverses qui représentent un chiffre d’affaires annuel d’une centaine de millions d’euros, environ un millier d’emplois directs et à peu près quatre fois plus d’emplois indirects - est loin d’être facile. L’une des raisons en est que les pierres locales sont très régulièrement écartées des marchés publics au profit des pierres d’importation, essentiellement issues d’Asie, de moindre qualité mais nettement moins onéreuses.
A cet égard, le secteur espère beaucoup de la circulaire relative aux marchés publics qui vise à ne plus privilégier uniquement le critère du prix mais à tenir compte également de critères éthiques, sociaux et environnementaux, à l’instar de ce qui se pratique couramment dans les pays voisins.
Dans l’attente des clauses éthiques, sociales et environnementales dans les marchés publics
L’asbl Pierres & Marbres de Wallonie a activement collaboré aux réunions de travail organisées par le département du Développement durable du SPW pour l’élaboration de clauses éthiques, sociales et environnementales édictées en décembre 2018. «Malheureusement, la concrétisation du projet est quelque peu en sommeil, dans l’attente d’un maître d’ouvrage public volontaire pour lancer un marché pilote», regrette Francis Tourneur, secrétaire général de Pierre & Marbre de Wallonie. «Il faut espérer que la volonté politique persiste de préserver une place aux produits de construction régionaux, dans le cadre de la promotion des circuits courts.»
Très souvent écarté des marchés publics, le secteur espère beaucoup des nouvelles clauses sociales et environnementales qui permettraient de ne plus privilégier uniquement le critère du prix. (© Pierre Bleue Belge)
Valoriser les ressources locales issues de circuits courts
Toutes ces démarches s’inscrivent parfaitement dans la volonté politique affirmée au niveau régional de privilégier les circuits courts, dans une philosophie globale de développement durable. «A cet égard, la marque collective «Pierre locale», conçue sur le modèle de «Bois local» initié par l’Office économique wallon du Bois et qui concrétise les qualités d’un produit issu de circuit court et peu impactant, gagnerait à être intégrée dans une démarche plus globale, de type Made in Wallonia, qu’on évoque depuis longtemps au niveau régional, ou à tout le moins, dans une approche cohérente de tous les matériaux régionaux de construction, géo- ou bio-sourcés. Il faut souligner que les producteurs français suivent une autre piste, celle des «Indications géographiques» qui reçoivent pour tous les produits non-agro-alimentaires (déjà largement couverts) en France un réel soutien politique», poursuit Francis Tourneur.
Le géotourisme pour souligner l’importance de la pierre dans le patrimoine local
Pour souligner l’importance de la pierre et sa forte présence dans tous les paysages au sens large, des activités liées au géotourisme ont été développées. Les attraits touristiques des villes, villages et campagnes pourraient ainsi être utilisés pour promouvoir les pierres wallonnes de diverses façons: publications, visites, circuits thématiques à la ville et à la campagne, etc. «Et pourquoi ne pas envisager des journées thématiques "pierre" - comme cela fut curieusement le cas en Flandre pour les journées du patrimoine, alors qu'il n'y a pas de pierres à bâtir dans cette région, et jamais jusqu'à présent en Wallonie, où il y a tellement de ressources…»
Il est à noter que cette notion de «géotourisme» est déjà fort développée dans d’autres pays européens: Royaume-Uni, Allemagne, Autriche, Espagne… Flandre.