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Construction environnementale

Le marché de l’électricité à la croisée des chemins

Capgemini, un des leaders mondiaux du conseil, des services informatiques et de l'infogérance, vient de publier la 18e édition de son étude annuelle, l’Observatoire Européen des Marchés de l’Energie (Eemo). Ce rapport suit les indicateurs clés des marchés du gaz et de l’électricité dans l’UE28 et indique les tendances et évolutions majeures affectant ces secteurs.

Le nucléaire doit faire partie du mixte énergétique belge.
Engie Electrabel

Prix des énergies renouvelables: à la baisse toute!

Durant les 12 derniers mois, les coûts des énergies renouvelables ont continué de diminuer: l’éolien terrestre devient quasiment compétitif alors que les coûts de l’éolien en mer ont baissé pour la première fois atteignant un plancher à 87 euros/MWh. De plus, la baisse du coût des installations solaires photovoltaïques se poursuit avec une nouvelle baisse de 20% attendue dans les trois prochaines années.

L’Europe a prouvé sa volonté de développer et déployer ces technologies. En effet, depuis 2004, les investissements dans les renouvelables en Europe ont atteint 750 milliards d’euros, ce qui représente un quart des investissements mondiaux alors que l’Europe ne représente que 7% de la population mondiale. Cela montre la détermination de l’UE à déployer rapidement ces technologies qui ne sont pas encore compétitives.

En finir avec les subventions ?

Cette politique volontariste s’est traduite par des tarifs de rachat de cette électricité significativement plus élevés que les coûts de production des utilities. Ces subventions sont financées par le consommateur final à travers des taxes spécifiques conduisant à des prix de détail élevés. En Allemagne, un des pays européens les plus dynamiques  en la matière, le consommateur final allemand paiera 20 milliards d’euros de taxes supplémentaires en 2016 avec un poids des subventions aux énergies renouvelables de plus de 25% de sa facture…

Même constat en Belgique où les ménages paient leur électricité 8% plus cher par rapport à 2015. Et si cette augmentation est en partie imputable aux coûts de distribution de l’électricité, les contributions au développement des énergies renouvelables y sont également pour beaucoup. «A cet égard, Il est urgent de réformer l’actuel système de subventions qui coûte cher et ne se justifie plus pour des énergies qui sont en train de devenir matures», souligne  Colette Lewiner, experte du secteur Energie chez Capgemini et co-auteur du papport.

Le marché de l’électricité fragilisé

Dans l’intervalle, la montée en puissance des énergies renouvelables (surtout l’éolien et le solaire photovoltaïque) a déstabilisé les marchés de gros de l’électricité, entraînant une baisse des prix (parfois inférieurs aux coûts de production).

La croissance des renouvelables dans un marché en situation de surcapacité, combinée à un prix du pétrole et du gaz bas, s’est traduite par une baisse des prix des marchés de gros de l’électricité qui ont atteint, début 2016, un point bas à 22 euros/MWh comparé à 40 euros/MWh en moyenne en 2015.

Avec la priorité accordée aux renouvelables, les producteurs ferment des centrales au gaz ou au charbon qui fonctionnent trop peu de temps pour être rentables. La fermeture de ces capacités nécessaires pour passer les pointes de la demande fragilise toutefois encore un peu plus la sécurité d’approvisionnement.

Et en Belgique ?

La sortie du nucléaire est programmée à l’horizon 2025 en Belgique. Mais peut-on véritablement se le permettre ? A en croire Pierre Lorquet, vice-président de Capgemini Consulting Belgique, pas vraiment. «Si les centrales nucléaires représentent 27% des capacités installées dans notre pays, elles ont toutefois représenté 37,5% de la production d'électricité en 2015. La Belgique reste donc très dépendante du nucléaire. Et s’il est nécessaire de réduire la production de nos centrales, la stopper totalement menacerait notre sécurité d’approvisionnement.» Et tout miser sur les importations serait suicidaire, nos grands voisins étant également confrontés à des difficultés d’approvisionnement. Dans ces conditions, le nucléaire est un mal nécessaire et doit continuer à faire partie du mixte énergétique belge. D’autant que contrairement aux énergies renouvelables – intermittentes par définition – le nucléaire est une énergie programmable.

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