Focus: tout feu, tout flamme
Focus, emblématique marque française de cheminées contemporaines, fête son 50e anniversaire cette année en même temps que celui de sa création iconique, le Gyrofocus, l’un des rares – sinon le seul – poêles à bois à avoir eu le privilège d’être exposé au prestigieux Musée Guggenheim de New York!
Retour sur une des plus belles et étonnantes histoires entrepreneuriales de ces dernières décennies.
Au milieu des années 1960, Dominique Imbert, fait l’acquisition d’une antique bâtisse nichée au cœur d’un village médiéval, Viols-le-Fort, à 25 km au nord de Montpellier, sa ville natale. La maison étant pleine de trous et dépourvue de toit, il décide de se fabriquer son propre poêle à bois.
Dominique Imbert. (© Focus)
C’est ainsi qu’en 1967, il conçoit seul, de A à Z, son premier modèle qu’il baptisera judicieusement par la suite «Antéfocus» (avant Focus), lequel est d’ailleurs à la base de tous les modèles qui sortiront pas la suite des ateliers de l’entreprise.
Mais Dominique Imbert n’est pas totalement satisfait. «C’était du bel ouvrage, mais je rêvais de réaliser un poêle qui soit visible de partout. C’est là que j’ai dessiné un modèle pivotant à 180° - le premier au monde!». Un modèle qui allait devenir le célébrissime Gyrofocus… et qui fut très près de ne jamais voir le jour.
L’Antéfocus: la toute première création de Dominique Imbert. (© Focus)
Et Dominique Imbert créa le Gyrofocus
Seul, sans connaissance technique et sans outillage approprié, impossible de réaliser un tel modèle. Il se met donc en quête d’artisans chaudronniers de la région… qui lui ferment systématiquement la porte au nez! Sauf un atelier de chaudronnerie de Cavaillon qui accepte de réaliser le projet. Ce sera donc le Gyrofocus qui connaît rapidement un grand succès. Du moins d’estime car commercialement, c’est plus compliqué. La fabrication est artisanale, le modèle est atypique tant par son design que par ses dimensions, et son prix est plus élevé que la plupart des poêles lambda.
Les dix premières années sont difficiles pour l'atelier dominique imbert (la dénomination officielle de l’entreprise). Ainsi, en 1980, Focus ne produit que 100 modèles.
Du musée à la maison
C’est le Centre Beaubourg qui va donner le coup de pouce nécessaire au développement de l’entreprise en proposant d’exposer le Gyrofocus dans des musées. On le retrouvere donc au Musée d’Art Contemporain de Bordeaux puis au Centre National d’Art Contemporain de Grenoble, avant l’apothéose d’une exposition au Guggenheim de New York!
Le Gyrofocus devient le modèle emblématique de la marque en même temps qu’une icône du design contemporain qui attire le regard des plus grands architectes contemporains (Norman Foster, Snøhetta, Studio MK27, Isay Weinfeld, SeARCH, Paola Navone, …) avec lesquels Focus entame ce qui sera le début d’une longue histoire d’amour.
C’est le début d’un succès qui ne se démentira plus.
A ce jour, Focus produit pas loin de 3.000 cheminées et poêles par an, emploie 85 collaborateurs, dispose d’un réseau de près de 50 partenaires-revendeurs en France et de partenaires dans 55 pays, et a réalisé, en 2017, un chiffre d'affaires de 10,5 millions d'euros, dont 58% à l'export.
Le Boafocus, un poêle au gaz, est le dernier modèle sorti des ateliers de Focus. (© Focus)
Derrière le designer, des techniciens s’affairent
Mais les poêles Focus ne se réduisent pas à leur seul design, ils avancent également des performances qui satisfont aux normes les plus exigeantes. «La conception, c'est la naissance physique du modèle. Et sans doute l’étape la plus facile. Après, il appartient au bureau d'études de donner vie aux cogitations du designer. Et dans le domaine de la cheminée et du poêle, la tâche est loin d’être aisée car, au-delà des contraintes techniques de fabrication, s'ajoutent celles des réglementations, nationales et internationales, en matière de rendement et de respect de l'environnement. Maquettes après maquettes, prototypes après prototypes, essais après essais, années après années, apparaît enfin, si on a de la chance, le modèle tant attendu. Pour information, le Slimfocus a nécessité 3 ans de conception technique. Et je ne compte plus les projets géniaux qui ont fini à la poubelle…»
Aujourd’hui, à près de 80 ans, Dominique Imbert a pris du recul par rapport à la gestion quotidienne de l’entreprise mais il continue à imaginer de nouveaux modèles. Comme le Boafocus, un modèle au gaz qui vient d’être commercialisé.