Vandersanden: une brique dans le sang
C’est en 1924 que Jaak Vandersanden extrait sa première pelletée d’argile à Bilzen, au cœur de la région argileuse du Sud-Limbourg. Les Briqueteries Vandersanden naîtront officiellement l’année suivante avec pour seule dot un antique four de campagne et un simple pressoir. Le séchage des briques se fait alors sous de petits abris. Bref, de l’artisanat, du vrai.
Le jeune entrepreneur investit ses premiers deniers dans un four annulaire; d’autres suivront qui seront ensuite remplacés par une chambre de four Hoffman en 1953 sous l’impulsion de son fils Constant. Dans les années 1960, deux centres de production sont créés à Spouwen et Veldwezelt. La société en termine avec l’artisanat entrepreneurial pour se lancer dans une phase de rachat.
C’est ainsi que la briqueterie Euceram à Hekelgem passe dans le giron de Vandersanden (qui la reconstruira entièrement pour y produire des briques de parement formées à la main), suivie, en 1984, de la briqueterie Mosabrik à Lanklaar.
A cette première phase d’expansion par le biais d’acquisitions succède, dans les années 1980 et 1990, une phase de modernisation: mécanisation complète de la production à Spouwen et Hekelgem en 1979, construction d’une usine hypermoderne à Spouwen en 1987 pour remplacer l’unité de Veldwezelt qui vient de cesser ses activités, modernisation de l’usine de Lanklaar qui voit sa capacité de production doubler grâce à l’adjonction de deux fours supplémentaires en 1994, construction d'une grande usine moderne à Spouwen en 1995, avec deux fours à tunnel pour remplacer les anciennes unités, ce qui porte alors la capacité de production à 100 millions de briques par an au début des années 2000.
Une métamorphose en 3 temps: acquisitions, modernisation et expansion
Enfin, l’entreprise entame une phase d’expansion géographique. C’est ainsi que, en 1993, elle ouvre un bureau de vente permanent dans le Nord de la France, à Halluin (un second suivra en 2007, du côté de Menin cette fois). Et en 2005, Vandersanden entame son expansion aux Pays-Bas en reprenant la briqueterie néerlandaise de Duijs à Hedikhuizen. L’entreprise s’associe ensuite en parts égales avec le producteur hollandais Huwa Baksteen pour créer Huwa-Vandersanden, laquelle va gérer trois unités: Hedikhuizen, Spijk et Angeren. Cette association entre Vandersanden (200 collaborateurs) et Huwa-Vandersanden (130 collaborateurs) représente une production annuelle de 415 millions de briques de façade et de 35 millions de pavés, ce qui fait de cette nouvelle entité le numéro 3 du secteur en Europe. Mais le briquetier limbourgeois ne compte pas s’arrêter là et entame, en 2006, la construction d’une nouvelle usine extrêmement moderne à Hedikhuizen, forte d’une capacité de 75 millions de briques par an. A noter que Vandersanden est un des premiers acteurs du secteur à concevoir bâtiments et installations de production en tenant compte de l’efficacité énergétique.
En 2009, il décide de voler de ses propres ailes aux Pays-Bas et signe l’arrêt de la collaboration avec Huwa, en reprenant deux des trois usines aux Pays-Bas (Hedikhuizen et Spijk). Les briques de façade sont désormais uniquement fabriquées sous le nom de Vandersanden, mais la marque Huwa est toutefois conservée pour les pavés.
Vandersanden aux Pays-Bas comme chez lui
Entamée il y a une dizaine d’années, l’expansion de Vandersanden aux Pays-Bas se poursuit aujourd’hui. C’est ainsi qu’en décembre 2016, Vandersanden Group a signé un accord de principe pour la reprise de Crh Clay Division Pays-Bas, Allemagne et Belgique, une entité de Crh, un groupe irlandais coté en Bourse dont l’activité principale est la production et la distribution mondiales de matériaux de construction, notamment de ciment, d’agrégats et d’asphalte, en se concentrant sur le béton. Cette reprise concerne trois usines aux Pays-Bas et une en Allemagne.
Aux Pays-Bas, il s’agit des usines de Bylandt Tolkamer (klinkers en argile), Bylandt Kessel (briques de parement étirées et pavés de sol en argile) et Façade Beek (briques de parement moulées à la main). En Allemagne, Vandersanden reprendrait l’usine située en Haute-Lusace, à proximité de Dresde, qui produit des briques de parement étirées ainsi que des pavés de sol en argile Aka.
Enfin, la reprise concernerait aussi le bureau de vente Desaegher (un spécialiste renommé en matière de briques) à Anvers et un bureau de vente à Peine (au centre de l’Allemagne). L’ensemble de ces implantations de Crh emploient 230 personnes.
La grande synergie entre les activités respectives de ces différentes entités est la principale raison motivant cette reprise.
Pour quel résultat? Simple: Vandersanden, qui est déjà depuis longtemps leader sur le marché des briques de parement moulées à la main en Belgique, est devenu également, à la faveur de ces acquisitions, le leader du marché néerlandais des klinkers en argile. Et comme un bonheur ne vient jamais seul, dans le même temps, son assortiment de briques de parement s’en est trouvé significativement élargi avec une série de briques façonnées à la filière et de briques de parement étouffées de haute qualité.
Un poids lourd européen
Cette stratégie visant à se positionner comme un des plus grands fabricants de briques en Europe passe aussi par le rachat de son partenaire commercial Hoskins Brick en Grande-Bretagne, marché sur lequel Vandersanden est actif depuis plus de 20 ans et où il vend désormais ses produits directement.
Fort de ces diverses acquisitions, Vandersanden Group emploiera 600 personnes en 2017, soit 240 en Belgique, 275 aux Pays-Bas, 15 en Grande-Bretagne, 4 en France et 66 en Allemagne. Dans le même temps, la capacité totale de production du nouveau groupe atteindra 500 millions de briques de parement par an.
Au terme de cette reprise, le chiffre d’affaires consolidé de Vandersanden Group devrait atteindre le montant de 160 millions d’euros, la Belgique, les Pays-Bas et l’Allemagne représentant environ 85% de ce total. Parallèlement, le groupe exporte ses produits dans plus de 20 pays, parmi lesquels la Grande-Bretagne, l’Irlande, la France, la Pologne, la Russie, le Moyen Orient et l’Asie.
Adie Frydman