Unic-3D fait forte impression
Transition numérique par ci, révolution numérique par là, on a pas fini d’en entendre parler. Et le secteur de la construction est aux première loges. Il y a le Bim et l’Internet des Objets (IoT), bien sûr, qui revisitent notre manière de concevoir et de travailler, mais il y a aussi la robotique qui, elle, risque tout simplement de transformer le modèle économique sur lequel nos sociétés se sont édifiées depuis la révolution industrielle.
Et comme toujours, il y a ceux qui prennent le train dès qu’il entre en gare, certains de la destination à suivre. Nicolas Usuwiel est de ceux-là qui, en autodidacte, s’est formé à l’impression 3D avant d’ouvrir un superbe showroom dédié aux imprimantes 3D, devenant du même coup l’un des premiers opérateurs spécialisés en Belgique francophone dans ce secteur encore à l’état embryonnaire.
Le bricolage mène à tout
A priori, rien ne laissait présager une telle trajectoire dans le chef de ce jeune homme (il a 35 ans). D’ailleurs, au terme d’études de communication, il travaille pendant une dizaine d’années dans le marketing pour le compte de différentes enseignes du secteur Horeca. En l’occurrence, ce qui l’a conduit à se lancer dans l’impression 3D… c’est une passion précoce pour le bricolage doublée d’un certain goût pour les nouvelles technologies. «J’ai toujours aimé bricoler, créer des prototypes, ce genre de choses. Un jour, alors que je travaillais sur un projet personnel, je me suis rendu compte que je ne disposais pas des outils nécessaires pour le réaliser. J’ai donc poussé les portes d’un Fablab (un atelier de fabrication où toute personne – artiste, designer, ingénieur, développeur, bricoleur, étudiant, citoyen,.. – quel que soit son niveau de formation, peut venir expérimenter, apprendre ou fabriquer tous types d'objets) où j’ai pu, pour la première fois, découvrir les outils numériques et notamment une imprimante 3D, laquelle m’a d’ailleurs permis de réaliser mon projet.» Dès ce moment, Nicolas Usuwiel se passionne pour le sujet, étudie, s’informe, se forme… Jusqu’à décider, en 2015, de se lancer dans la commercialisation de tout ce qui a trait à l’impression 3D en créant sont entreprise: Unic-3D
La société française Machines-3D, va bientôt commercialiser une imprimante 3D béton pour la construction à utiliser sur chantier. Un beau bébé de 18 m de diamètre…
La clientèle c’est potentiellement tout le monde
«je ne me suis pas lancé en aveugle. J’ai effectué énormément de recherches sur les marchés belge et européen, me suis informé auprès de professionnels pour, finalement, parvenir à l’intime conviction que la révolution numérique, et plus particulièrement, la robotique était inéluctable et sans doute beaucoup plus proche que ce qu’on veut bien croire. Ainsi, selon certaines études qui font autorités, on estime qu’un ménage sur cinq disposera d’une imprimante 3D d’ici une dizaine d’années. En même temps que les techniques progressent, les prix, eux, diminuent. Et ce matériel sera bientôt à portée de bourse des ménages.»
Ceci étant, à l’heure actuelle, le marché BtoC est relativement atone. Le particulier n’est d’ailleurs pas le cœur de cible de Unic-3D qui vise plutôt les professionnels. De fait, les secteurs d’activités susceptibles de recourir à l’impression 3D sont incroyablement nombreux et diversifiés. A ce jour, Unic-3D démarche surtout les secteurs suivants: architectes, ingénieurs, designers, enseignants, artistes, secteur médical, etc.
La startup propose toute une palette de produits et de services: imprimantes 3D, bien sûr, mais aussi scanners 3D, accessoires, logiciels, impressions spécifiques et autres services taillés sur mesure pour répondre à un ensemble de besoins en constante évolution. En outre, Unic 3D organise également des formations ouvertes à tous types de publics.
Le secteur de la construction dans l’expectative
En ce qui concerne le secteur de la construction, ce sont surtout les architectes qui se montrent les plus intéressés par le potentiel de l’impression 3D. «Les plans réalisés en 3D confèrent clairement une plus-value au projet et permet aux bureaux d’architecture de séduire de nouveaux clients par rapport à ceux qui fonctionnent encore à l’ancienne», observe Nicolas Usuwiel. En revanche, les entrepreneurs sonnent encore creux quand on leur évoque les avantages de l’impression 3D… «Ils sont réticents, pensent que les temps ne sont pas encore mûrs, que c’est cher et prématuré.» Nicolas Usuwiel n’en a pas moins réalisé, à la demande d’un pisciniste, des modules de 3 mètres représentant son modèle de piscine ainsi que les différents éléments d’aménagements y afférents, pour lui servir d’outil promotionnel. «Nous avons également imprimé en 3D des éléments de charpente pour le compte d’un charpentier dont le client ne visualisait pas bien le projet.»
Le futur commence aujourd’hui
Mais ce n’est rien à côté de ce qui se prépare. Ainsi, si des entreprises ont déjà eu recours à l’impression 3D pour construire des ponts d’une dizaine de mètres en Espagne et aux Pays-Bas, on évoque maintenant la construction de maisons entières… «Il s’agit encore de petites unités d’habitation mais la technique est déjà relativement aboutie.» Ainsi, un des fournisseurs de Unic-3D, la société française Machines-3D va très bientôt commercialiser une imprimante 3D béton qu’on utilise in situ. Encore à l’état expérimental, cette machine, originellement développée pour imprimer de la pâte cimentaire, est désormais apte à fabriquer un habitat personnalisable, très rapidement et à un coût quasiment nul. Coût de ce beau bébé de 18 mètres de diamètre: environ 400.000 euros. Encore cher pour un prototype, certes, mais d’ici quelques années, qui sait… « Les Chinois, eux, sont passés maîtres dans la préfabrication d’éléments de construction en 3D qu’ils montent ensuite sur chantier. «Les résultats sont probants ce qui a valu à des entreprises chinoises de remporter de nombreux marchés à Dubaï où on recoure massivement à l’impression 3D pour étoffer le parc de logements». Et aujourd’hui on parle d’impression 3D pour reconstruire les villes reprises à Daesh en Irak…
Bref, un potentiel énorme qui laisse augurer d’un développement rapide de la petite start-up bruxelloise, surtout dans ce secteur numérique que la Région désire ardemment booster ? Unic-3D a d’ailleurs pu bénéficier d’aides régionales qui l’ont aidé à concevoir son site Internet en trois langues et à y intégrer un e-shop qui lui permet d’exporter ses produits en France, en Angleterre, en Allemagne, en Scandinavie…
Mais Nicolas Usuwiel rêve en plus grand. A très court terme, il souhaite construire une stratégie de développement de ses services à l’international et, à court terme, implanter une antenne de Unic-3D dans les plus grandes capitales européennes. Et pourquoi pas? «Le concept commercial est validé, nous avons un business plan qui tient la route et la technologie que nous proposons représente l’avenir…»