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Une empreinte belge au Canal de Panama élargi

Si les Chinois ont eu l'honneur d'être les premiers à traverser, à bord de l'énorme navire porte-conteneurs Panama, le canal éponyme à l'occasion de l'inauguration officielle de sa rénovation, les Belges ont apporté une énorme contribution à ce méga-projet.

Une empreinte belge au  Canal de Panama élargi

Le canal de Panama, qui relie depuis 1914 l'océan Atlantique à l'océan Pacifique, a été élargi au cours des 9 dernières années afin d'accroître sensiblement la capacité du trafic maritime. Depuis son récent élargissement, le canal de 81 km de long peut désormais accueillir des navires d'une largeur de 49 m et d'une longueur de 366 m, correspondant au transport de quelque 14.000 conteneurs. Jusqu'ici, le nombre de conteneurs autorisés à traverser le canal était limité à 5.000 par bateau.

A la fin du mois de juin, China Cosco Shipping fut le premier armateur à pénétrer officiellement dans le canal rénové. Une semaine plus tôt, un premier essai de passage à travers les nouvelles écluses du canal avait déjà eu lieu. Le Baroque, un tanker de 250 m de long, avait alors effectué à vide une traversée du canal et des nouvelles écluses en 3 heures, avec l'aide d'un petit remorqueur. Propriété de la China Cosco Shipping Corporation, le porte-conteneurs Panama mesure près de 49 m de large et 300 m de long. Il transportait plus de 9.000 conteneurs lors de ce voyage «inaugural».

3e couloir

Pendant plusieurs années, l'entreprise belge Tractebel Engineering a collaboré comme chef de projet à la conception des nouvelles écluses du canal de Panama. A la requête du gestionnaire du canal, l'Autoridad del Canal de Panama (Acp), et en collaboration avec le Consorcio Post-Panamax International (Cpp), le laboratoire de recherches hydrauliques d'Anvers (groupes de recherches Nautica et Hydraulica) a réalisé une maquette d'étude du trafic pour les nouveaux concepts d'écluses. Le groupe Iv, qui faisait partie de l'équipe de projet aux côtés de Mwh Global et TetraTech, avait en charge la conception des nouvelles portes d'écluses et du mécanisme d'entraînement. Ce rôle englobait également le contrôle, l'analyse Fmds (fiabilité ' maintenabilité ' disponibilité ' sécurité) de l'ensemble du complexe d'écluses, ainsi que l'accompagnement de la construction. Tractebel Engineering a aidé l'Acp à étudier les offres et à réaliser les études d'exécution de l'association d'entrepreneurs sélectionnée.

L'élargissement du canal de Panama consistait notamment à aménager un troisième couloir d'écluses à côté du complexe existant. A l'instar de ce dernier, trois niveaux différents ont été aménagés successivement afin de permettre aux navires de passer du niveau de la mer au lac de Gatún, situé 27 m plus haut. Les trois chambres d'écluses affichent une longueur totale de 427 m. Les portes ont été doublées entre les niveaux, portant leur nombre total à 8 par jeu d'écluses. Ces portes résistent à des variations énormes de pressions d'eau, aux collisions de bateaux et aux tremblements de terre. Le complexe d'écluses doit être disponible au trafic durant 99,6% du temps, une exigence impactant fortement sa conception comme son entretien.

Fabriqués en béton, les murs des jeux d'écluses mesurent plus de 33 m de haut. Côté extérieur, ils décrivent un mouvement conique vers le bas, pour atteindre une largeur de 30 m à leur pied. Les doubles portes en acier des écluses mesurent 31 m de haut, environ 57 m de large et 10 m d'épaisseur. Chacune est composée de 3.500 tonnes d'acier en moyenne. Si les anciennes écluses sont dotées de portes pointues, les portes des nouvelles écluses sont coulissantes. A leur ouverture et à leur fermeture, elles bougent horizontalement, à la perpendiculaire du sens de navigation. Les bassins de récupération d'eau installés à côté des écluses permettent de réutiliser 60% de l'eau.

Notes belges

L'Acp, gestionnaire du canal, a attribué le contrat de construction des écluses au consortium Grupo Unidos por el Canal (Gupc), sous la direction du groupe de construction espagnol Sacyr Vallehermoso. Les 3 autres participants du consortium étaient la société italienne Salini Impregilo, l'entreprise belge de dragage Jan de Nul et l'entreprise de construction locale Constructora Urbana. Ce projet peut être classé parmi les plus grands et les plus prestigieux ouvrages hydrauliques réalisés dans le monde ces dernières années.

'Ce projet peut être classé parmi les plus grands et les plus prestigieux ouvrages hydrauliques réalisés dans le monde ces dernières années.'

Jan De Nul a joué un rôle majeur dans la réalisation de ce projet de construction hydraulique. L'autre groupe belge de dragage et de génie hydraulique Deme a pris en charge près de trois quarts des travaux de dragage (e.a. sur le lac de Gatún) et a assuré l'élargissement du canal d'accès à l'océan Pacifique. Deme et Jan De Nul ont remporté le marché de dragage car ils étaient les seuls, à l'époque, à disposer des dragues adaptées aux travaux les plus divers, notamment des méga-cutters pour l'évacuation des roches volcaniques dures. Grâce à ces deux acteurs mondiaux dans le secteur du dragage, le nouveau canal de Panama affiche de belles couleurs belges.

En tout, l'élargissement du canal aura accusé près d'un an et demi de retard et s'est avéré plus coûteux que prévu. Diverses frictions entre le maître d'ouvrage et le consortium de construction ont même eu pour effet d'interrompre le chantier pendant un temps. Les discussions portaient notamment sur les erreurs d'évaluation géologique du sous-sol, provoquant des surcoûts. Globalement, le projet d'élargissement a coûté environ 5,5 milliards d'euros. On ne sait pas encore exactement qui supportera ces frais supplémentaires. Selon le consortium, c'est le gestionnaire du canal de Panama qui porte la responsabilité de ce supplément, mais selon l'Acp, c'est le contraire.

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