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Matière grise et toitures vertes

L'urbanisation croissante qui rend les sols plus étanches et la survenue d'événements orageux violents compliquent la gestion des eaux pluviales. D'où des débordements, des inondations et des problèmes de pollution.

Matière grise et toitures vertes

Les toitures végétalisées peuvent être utiles dans ce contexte, mais comme des éponges qui font tampon, une fois saturées d'eau, elles n'ont plus la capacité d'en absorber et rejettent l'excédent. Certaines entreprises spécialisées dans les toitures vertes planchent sur le problème. Parmi elles, la société française Le Prieuré a consacré 1 million d'euros et plus de 10.000 heures de travail à la mise au point d'une solution de toiture connectée, en partenariat avec une école d'ingénieurs de Lyon, un centre d'études (Cerema) et l'université de Milwaukee aux Etats-Unis.

Toiture hydroactive connectée

Cette innovation, qui répond au nom peu bucolique de toiture hydroactive connectée, contrôle les débits de fuite vers les réseaux urbains, stocke de grands volumes d'eau dans des bacs et assure une irrigation par capillarité. Les capteurs fonctionnent en permanence et permettent un pilotage à distance, notamment pour anticiper les précipitations en vidangeant les bacs. Comme l'explique l'entreprise de Moisy (la toponymie ne manque parfois pas d'ironie'), une toiture nue ne stocke rien et n'a pas de régulation du débit. Une toiture végétalisée classique retient environ 20 à 25 litres par m2, mais ne régule pas non plus. La toiture hydroactive enfin, retient 90 l/m² et permet d'ajuster l'écoulement depuis 1 litre/seconde/ha jusqu'à 10, voire 20 l/s/ha ou plus. Techniquement, la solution repose sur l'utilisation de deux bacs superposés, combinant le produit Hydropack ' créé en 2005 ' à un système de sous-bacs. Ensemble, ils peuvent stocker près de 90 litres d'eau. Des goutteurs brevetés sont reliés à la centrale de commande qui contrôle le niveau d'eau toutes les 3 minutes et permet de connaître le débit de fuite en temps réel. La solution, consultable depuis smartphone, tablette ou ordinateur, permet également de surveiller un éventuel bouchage de l'évacuation afin d'y remédier.

Surcoût et surpoids

Parallèlement, des mèches en tissu remontent l'eau vers les plantes par capillarité et améliorent de ce fait l'«évapotranspiration» des plantes. L'automatisation des largages d'eau en fonction des prévisions météorologiques serait une suite logique et constituerait la prochaine évolution, ajoute l'entreprise. La solution souffre toutefois de deux handicaps: un surcoût de 30 à 50% par rapport à une toiture verte standard, d'une part, un poids conséquent, d'autre part. Elle est dès lors davantage conçue pour les constructions neuves. Ainsi, l'ensemble saturé en eau suite à un orage par exemple peut entraîner une surcharge de 150 kg/m².

'La toiture hydroactive connectée contrôle les débits de fuite vers les réseaux urbains, stocke de grands volumes d'eau dans des bacs et assure une irrigation par capillarité.'

Côté plantes, en revanche, elle comporte les sédums habituels, mais la société propose aussi un panachage d''illets, ciboulettes et crassulacées, qui égayent la toiture et accroissent la biodiversité.

Malgré ces inconvénients, les avantages et les performances de la toiture hydroactive connectée ont déjà séduit des maîtres d'ouvrage. Elle est en effet appliquée dans une éco-crèche dans les Yvelines où il s'agissait de répondre à des contraintes au niveau du rejet des eaux pluviales. De même, la société Sogaris, qui dispose d'une importante plateforme logistique à Rungis, a choisi d'anticiper le durcissement de la réglementation vers le zéro rejet d'eau pluviale pour mettre en 'uvre une telle toiture. De quoi verdir l'espace de travail de ses collaborateurs et améliorer l'impact environnemental du site.

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