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Les nouvelles technologies peuvent encore améliorer l’efficacité du secteur de la construction

« Un acteur tel que Google pourrait un jour bouleverser tout notre secteur » Drones, intelligence artificielle, Internet des objets, réalité virtuelle… La fin de la numérisation n’est pas encore pour demain. Mais les technologies peuvent-elles vraiment prouver leur utilité « dans le bâtiment » ? Nous avons posé la question à plusieurs experts en construction rompus aux évolutions numériques de ce secteur, et ce dans le cadre d’une table ronde organisée à l’initiative de Bouwkroniek/ La Chronique et Orange Belgium.

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Quel élément aura le plus d’impact sur le secteur de la construction ?

EV : L’Internet des objets s’impose de plus en plus dans notre quotidien et impacte fortement notre façon de travailler. Grâce à un capteur intégré dans toutes nos machines, nous suivons à la trace les endroits et les moments auxquels elles sont utilisées (ce qu’on appelle la technologie track & trace, ndlr.). Cela nous permet d’accélérer et d’améliorer les calculs de vérification des travaux et d’évaluer les coûts avec précision.

Les heures de grue sont également plus faciles à calculer par ce biais. Avant, les collaborateurs les communiquaient via leur smartphone et il fallait compter sur leur bonne volonté. Lorsque l’introduction des données était incorrecte, il fallait désigner une personne pour résoudre le problème. Tout cela n’est plus qu’un souvenir aujourd’hui.

RDS : Il y a aussi les drones, qui permettent de prendre des photos et des mesures sur le chantier, mais aussi de suivre les travaux réalisés dans un laps de temps défini. Democo travaille actuellement sur un chantier au Rabot, à Gand, que nous suivons par ce biais. Un étudiant universitaire a d’ailleurs choisi ce projet comme sujet de thèse. Selon mon interprétation provisoire, les mesures fonctionnent déjà très bien, de même que le suivi de l’avancement des travaux. En revanche, la mise en relation avec les éléments du modèle BIM n’est pas encore au point. Pour l’heure, il s’agit encore – selon les conclusions de l’étudiant – d’une donnée complémentaire : lorsqu’on fournit le modèle BIM en statut « as built », il est utile de le compléter par un nuage de points (une image virtuelle formée par un scanner laser, ndlr) des dernières images.

EV : Nos clients aussi demandent de plus en plus souvent à pouvoir visualiser en 3D l’avancement du chantier. Ils sont d’ailleurs prêts à payer pour ce service. Les images de drones ne sont pas indispensables en soi. Une caméra fixe, en revanche, est un must.

RDS : Parallèlement à cette méthode, nous réfléchissons actuellement à une autre méthode de suivi des travaux sur chantier. Il s’agirait d’installer un capteur sur tout ce qui entre et sort d’un chantier. L’enregistrement des éléments entrants fournirait une indication sur l’avancement des travaux.

GP : Avec la nouvelle génération de réseaux IdO, NarrowBand et LTM-E, cette réalité est imminente. Fin 2017, Orange a déployé ces technologies sur tout le territoire belge, pour une couverture nationale complète, tant à l’intérieur qu’à l’air libre. Alors que dans la première génération, l’accent reposait sur le traçage des véhicules et du personnel, il est désormais possible de surveiller quasiment chaque machine à n’importe quel endroit. De quoi réaliser des économies appréciables, évidemment.  Nos clients du secteur de la construction nous ont répondu que cela valait la peine à partir d’un prix d’achat de 1.000 euros pour l’engin surveillé. Outre les frais de remplacement d’une machine perdue ou volée, l’ « idle time1» est un autre coût sur lequel on peut également réaliser de fameuses économies.

Vous parliez de l’Internet des objets dans vos activités, mais il gagne aussi en popularité auprès de vos clients. Les villes intelligentes n’en sont qu’un exemple. Cela a-t-il un impact sur votre travail ?

RDS : Certainement. Le domaine du facility management recourt beaucoup, lui aussi, aux capteurs. Par exemple pour mesurer le taux de CO2 dans une pièce. Pour réserver vos salles de réunions, vous pourriez choisir telle ou telle pièce en fonction de sa teneur en oxygène. Ces appareils existent, mais la technologie n’est pas encore très largement utilisée.

RC : Dans ce cas, il ne s’agit pas de notre IdO, mais de celui de notre client. Nous devons nous concentrer sur les capteurs susceptibles d’améliorer notre flux de travail. Checkinatwork (le système des autorités destiné à enregistrer la présence des travailleurs, ndlr) et track & trace ne sont pas vraiment innovants. Bientôt, presque tout sera traçable. Non, nous sommes à la recherche de capteurs capables, par exemple, de nous indiquer à quel moment le béton est suffisamment dur pour construire l’étage suivant, sans devoir réaliser des essais de compression sur cubes…

La réalité virtuelle est une autre technologie. A-t-elle ses chances dans le secteur de la construction ?

RDS : Bien entendu. Les Pays-Bas ont déjà une longueur d’avance et l’utilisent pour visualiser des projets de construction à l’intention des collaborateurs. Tout le monde associe la RV aux lunettes, or il s’agit de plus en plus souvent d’un casque, lequel est d’autant plus approprié dans un secteur comme le nôtre.

L’avenir est clairement aux données, n’est-ce pas ?

YA : Il y a déjà beaucoup de données disponibles aujourd’hui, mais elles sont souvent confinées dans des applications séparées. Tout l’art consiste à les intégrer dans votre ERP ou votre logiciel de construction. Nous pouvons déjà commander nos machines à distance, mais les machines savent elles-mêmes quelles tâches elles ont effectuées. Elles devraient pouvoir relayer ces informations, pour que nous puissions les suivre en temps réel et rectifier le tir si nécessaire. Nous sommes demandeurs de ce type de solutions, mais si j’en crois les développeurs de logiciels de construction, il faudra encore patienter quelques années.
 
RC : Je suis convaincu que l’intelligence artificielle réalisera le lien entre les différentes bases de données. Lorsque je souhaite appeler quelqu’un dont le numéro ne figure pas dans ma liste de contacts, Siri me suggère d’ores et déjà le numéro qu’il a trouvé dans la signature d’e-mail de la personne en question. Il a repéré le lien entre deux systèmes – e-mail et contacts – sur base du nom…

YA : En parlant de Siri : plusieurs acteurs mondiaux, Google et consorts, utilisent énormément ces données. Un jour viendra où ce type d’acteurs pourraient bouleverser complètement notre secteur. Je peux m’imaginer que Google réussira tôt ou tard à concevoir un projet de bâtiment, à un endroit spécifique, sur un terrain précis… qui surpassera tout ce qu’on aura jamais cru être réalisable.

En tant qu’entreprise, nous devons réfléchir à la manière dont le monde évoluera lorsque tout cela sera devenu réalité, et au rôle que notre entreprise voudra encore assumer. Pour l’heure, nous pouvons encore démontrer notre valeur ajoutée à travers nos optimalisations. Mais qu’adviendra-t-il lorsque nous n’en serons plus capables ?

Table ronde sur la numérisation dans le secteur du bâtiment
Les opinions relayées dans cet article ont été récoltées à l’occasion d’une table ronde organisée par Bouwkroniek & La Chronique à l’initiative d’Orange. Les participants se sont entretenus de divers sujets liés à la transformation numérique.

Ont pris part à cette table ronde :
-    Yves Aertssen, co-CEO chez Aertssen (YA)
-    Hannes Bernaets, BIM Manager chez Dethier (HB)
-    Robin Collard, BIM Implementation Manager chez BAM Contractors (RC)
-    Véronique Cupers, Key Account Manager chez Orange (VC)
-    Patrick De Kinder, BIM Manager chez Van Laere (PDK)
-    Rudy De Smedt, BIM Manager chez Democo (RDS)
-    Françoise Genicot, Rédactrice en chef de La Chronique
-    Johan Lambrechts, Rédacteur en chef de Bouwkroniek
-    Gert Pauwels, IoT & M2M Sales & Marketing Manager chez Orange (GP)
-    Emmanuel Vandeweghe, IT Manager chez Willy Naessens Group (EV)

Orange Belgium
Avenue du Bourget 3
1140 Evere
business.orange.be/fr/construction

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