Construire des façades par-delà les frontières
L'entreprise de construction de façades Vorsselmans est active sur le marché néerlandais depuis le début des années 80. Sa situation géographique ' Loenhout, non loin de la frontière des Pays-Bas ' n'y est certainement pas étrangère. Depuis le début, l'entreprise doit faire ses preuves. «Une fois la confiance gagnée, nous pouvions travailler des décennies entières pour les mêmes clients. Voilà comment fonctionnement les affaires avec les Néerlandais : la confiance d'abord, la continuité ensuite», confie le gérant, Mark Vorsselmans.
A quels aspects être attentif si l'on veut déployer ses activités dans un autre pays'
Il faut d'abord et avant tout apprendre à connaître la culture. Arrangez-vous pour parler la même langue, car les choses ne se dérouleront jamais comme prévu si vous ne vous comprenez pas. Il faut donc prévoir suffisamment de réunions avec le client, et être bien à l'écoute de ses souhaits. Les Néerlandais sont beaucoup plus directs que les Belges. Pour reprendre une expression chère à Cruyff: chaque inconvénient a son avantage, en l'occurrence celui d'entrer aussitôt dans le vif du sujet. En tant que fournisseur/sous-traitant, il faut constamment s'adapter aux règles locales, aux normes en vigueur. D'où l'importance d'ajuster la formation de son personnel en fonction du marché sur lequel on est actif.
Dès le début, Vorsselmans s'est par ailleurs mis en contact avec la fédération sectorielle néerlandaise Vmrg (Vereniging van Metalen Ramen en Gevels). Cette union professionnelle des façades et châssis métalliques respecte des normes de qualité, possède un label et est reconnue pour le sérieux de ses formations. «Depuis 2007, nous mettons sur pied une organisation similaire en Belgique, en l'occurrence la FAC (Federatie van Aluminium Constructeurs). Cette fédération compte déjà une trentaine de membres et autant de partenaires. A partir de cette année, tous ses membres seront inspectés en vue de recevoir le label FAC, un gage de qualité supplémentaire pour les produits fournis au client final.»
Autre aspect: l'entreprise doit absolument cultiver sa spécificité. «Celle-ci peut en effet se révéler un atout qui vous distingue de la concurrence. Nos valeurs ' collaboration, engagement et excellence ' sont connues auprès de nos clients. Et c'est pour elles qu'ils reviennent systématiquement chez nous. Une collaboration durable pour une qualité parfaite et sur mesure: telle est la mission que nous promettons à nos clients.»
Quelle est la différence entre les Pays-Bas et la Belgique'
Sans hésiter: la méthodologie de construction. Aux Pays-Bas, on commence généralement par la pose des chambranles pour entamer ensuite le travail de maçonnerie. En Belgique, on maçonne d'abord les façades avant de combler les trous avec les chambranles. La méthode néerlandaise offre l'avantage d'un dimensionnement parfait. 99% des châssis que nous fabriquons sont réalisés sur base d'un dessin. En Belgique, on perd beaucoup de temps à prendre des mesures sur chantier. La méthode néerlandaise présente a contrario le désavantage de consacrer plus de temps à la préparation. Mais je suis convaincu qu'une bonne préparation est le seul moyen de garantir une exécution impeccable. J'en profite d'ailleurs pour encourager tous les maîtres d'ouvrage et entrepreneurs à commander les menuiseries extérieures le plus tôt possible. Une étude sérieuse permet de réduire considérablement les surcoûts dus aux erreurs.
Mais alors, pourquoi voyons-nous autant d'entreprises néerlandaises actives en Belgique depuis quelque temps'
Les explications sont multiples: la crise du secteur néerlandais de la construction. Le volume des constructions a baissé de 30 à 40% ces dernières années aux Pays-Bas. Un grand nombre d'entreprises actives dans le secteur n'y ont pas survécu. On ne compte plus les bureaux d'architectes, entrepreneurs et constructeurs de façades qui font faillite. Nombreux sont ceux qui ont cherché leur salut à l'étranger et se sont ainsi retrouvés en Belgique. Comme nous au début des années 80, ils ont connu à leur tour des problèmes d'adaptation. J'ai reçu des dizaines de coups de fil de collègues me demandant si cela se passait toujours comme cela en Belgique. Longs délais de paiement, garanties bancaires, retenues,... Autant d'aspects auxquels ils n'étaient pas habitués. Heureusement, le marché néerlandais a retrouvé un peu de stabilité, ce qui a permis au secteur de rétablir son équilibre.
Et au Royaume-Uni, comment vont les affaires'
Afin de compenser notre perte de marché aux Pays-Bas, nous avons partiellement pu nous rabattre sur notre marché national, mais la concurrence énorme et la pression des prix venues des pays d'Europe de l'Est nous ont poussés à nous tourner également vers le marché anglais. Là-bas aussi, nous avons investi dans du personnel local habitué à ce marché. Le marché anglais de la construction est en plein essor, Londres en tête, bien évidemment. Comme les constructeurs de façades locaux disposent d'une capacité insuffisante, les entreprises d'Europe occidentale sont sollicitées régulièrement. Les constructeurs de façades belges, néerlandais et allemands sont particulièrement actifs au R-U. Dans ce contexte de transition, le support apporté à leurs fameuses maisons préfabriquées est un atout certain.
L'inconvénient réside ici dans la nécessité de s'habituer aux différences de cours entre les différentes devises. Depuis quelques mois, la livre britannique est pour le moins instable. Il convient aussi d'être attentif aux normes nettement plus strictes en matière de «health and safety». Tous les collaborateurs doivent justifier de nombreux diplômes avant de pouvoir accéder au chantier.
La collaboration, clé du succès
Vorsselmans figure parmi les premiers constructeurs de façades à avoir choisi de collaborer, pour les grands projets, avec des collègues fiables, qu'ils soient belges ou étrangers. Plusieurs projets, comme le quartier-général de l'Otan à Evere (photo), Val Benoit à Liège, la prison de Zaandam (photo), le bâtiment des services publics Rijnstraat 8 à La Haye (photo) ou encore le Stratford Edge à Londres (photo) ont été réalisés en formule Scm. Pour le marché britannique, nous avons même conclu une collaboration fixe avec de Groot & Visser de la localité néerlandaise de Gorinchem. Ensemble, nous avons créé la société Vgv-Façades.
Plusieurs raisons motivent la conclusion de ce type d'associations. Bien sûr, l'ampleur du projet est souvent déterminante. Le partage de la capacité, des risques, des connaissances et de l'expérience sont des atouts supplémentaires. En général, le maître d'ouvrage mesure également la valeur ajoutée d'une telle association. Elle lui offre la garantie supplémentaire que la capacité sera suffisante pour voir le projet se dérouler dans le respect du planning.