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Briques artisanales pour une reconversion à Ypres

Le promoteur De Kortrijkse Toren a à nouveau choisi les briques de la briqueterie Lamour, dans le nord de la France, pour le projet DeMote à Ypres. Il avait déjà opté pour ces briques pour un autre projet (Driespoort). Si les deux commandes diffèrent totalement en termes de quantité, les projets reflètent tous deux la stratégie des Français: des commandes nombreuses mais petites pour les rénovations, d'une part, et de grosses commandes de plus en plus fréquentes pour les projets de constructions neuves, d'autre part.

Briques artisanales  pour une reconversion à Ypres

Le projet DeMote, au centre d'Ypres, consiste en la transfomation, par De Kortrijkse Toren et M-One, d'une ancienne école primaire en 17 lofts, penthouses et maisons, ainsi qu'en une majestueuse maison de maître. Ces bâtiments presque centenaires étaient inoccupés depuis 8 ans. Leur rénovation a débuté à la fin de l'an passé. L'architecte yprois Toon Breyne en conservera l'architecture typique, caractérisée par de grandes fenêtres, de hauts plafonds et des murs extérieurs épais. Il a également choisi de respecter en grande partie la distribution des pièces afin de préserver l'authenticité de l'ensemble, qu'il complète par de nouvelles menuiseries, une isolation supplémentaire et de nouvelles techniques. Les habitations compteront 2, 3, voire 4 chambres tandis que dans l'ancienne cour de récréation, une annexe a été démolie pour faire place à de nouveaux carports. Pour y accéder, l'escalier d'une des cages a été démonté et deux murs extérieurs ouverts et renforcés pour former un passage.

Une fois les façades nettoyées, les joints côté sud se sont révélés en moins bon état que prévu, ce qui a nécessité un rejointoyage complet de cette façade. L'entrepreneur Algemene Bouwonderneming Mark & Kris Pollet de Torhout a veillé à réutiliser autant que possible les briques jaunes des façades donnant sur la cour intérieure, typiques de la région. Les anciennes briques plus traditionnelles le long de la ruelle seront complétées si nécessaire par des briques récupérées des murs intérieurs démolis. Mais ces récupérations ne suffisent pas toujours et il est fréquent, lors de rénovations de ce type, qu'on soit à court de matériaux réutilisables. Il convient alors de se mettre à la recherche de briques anciennes d'aspect similaire issues d'autres projets ou de nouvelles briques semblables aux anciennes.

Travail manuel

C'est ici qu'intervient la briqueterie Lamour qui a développé cette niche de rénovation. Si ses briques ressemblent à s'y méprendre aux briques anciennes, c'est d'abord et avant tout parce qu'elles sont produites exactement de la même manière qu'il y a plusieurs décennies: dans un four annulaire. Ce procédé nécessite une main-d''uvre intensive. Chaque brique est passée par des dizaines de mains. Une fois l'argile mélangée et découpée, les briques sont empilées manuellement dans des séchoirs à ciel ouvert. Lorsqu'elles sont suffisamment sèches, elles sont empilées dans le four annulaire puis à nouveau retirées à la main après la cuisson et enfin, réparties en catégories (bonnes, surcuites, fendues, cassées,'). Le four annulaire fonctionne en continu. Chaque jour, 40.000 briques sont empilées à un endroit précis et autant de briques enlevées quelques mètres plus loin dans l'anneau. La cuisson est, elle aussi, encore largement artisanale: au-dessus de l'anneau où les briques sont cuites, des petites machines doseuses saupoudrent automatiquement les briques de charbon grâce à un système de chaînes.

'La briqueterie Lamour est attachée à son procédé de fabrication depuis 1929, ce qui rend son produit artisanal relativement unique sur le marché.'

Ces doseuses sont rechargées manuellement. «Le procédé de cuisson plus long, généralement deux semaines, rend les briques plus dures que la plupart des autres spécimens fabriqués aujourd'hui. Elles sont dès lors moins sensibles au verdissement. Ce sont pour moi les seules briques de four circulaire authentiques, elles n'ont rien à voir avec les briques étirées auxquelles on donne un look rétro en mélangeant un peu de calcaire ou de sable à l'argile ou en les faisant rapidement tourner dans une bétonnière», explique Patrick Lataire, de la firme importatrice Crtc.

Séchoir

La briqueterie Lamour est attachée à son procédé de fabrication depuis 1929, ce qui rend son produit artisanal relativement unique sur le marché. Les briques répondent en outre aux normes en vigueur et l'entreprise a investi dans la construction d'un séchoir pour faire face à la demande. Un investissement judicieux étant donné qu'auparavant, elle devait interrompre la production en automne parce que les briques ne pouvaient plus sécher à l'air libre. Grâce au séchoir, la «saison de cuisson» est prolongée et la production annuelle a progressé de 4,8 millions de briques, selon Frédéric Vandeneeckhoute de la briqueterie Lamour.

Chez nous, les briques Lamour sont importées par la société Crtc à Deinze. De plus, de nombreux producteurs belges de briques se fournissent également chez Lamour pour compléter leur propre assortiment. Les briques surcuites sont généralement vendues en Allemagne et les briques cassées servent de matière première pour la brique pilée utilisée dans l'aménagement de courts de tennis. Les briqueteries modernes ont probablement trop peu de chutes pour pouvoir répondre à cette demande, suppose M. Vandeneeckhoute.

Grands projets

Par ailleurs, lorsque la demande a reculé en raison de la crise économique, la briqueterie française a décidé de viser également les projets de plus grande envergure comme les centres commerciaux, écoles, constructions en hauteur,' Et ses produits font également mouche dans ce domaine. Le couronnement de cette nouvelle percée n'est autre que le projet Driespoort à Deinze. Non seulement par la taille de la commande (300.000 briques pour 4.000 m² de façade), mais aussi parce qu'il a démontré qu'un produit artisanal peut créer un look moderne. De plus, le procédé d'application est assez remarquable dans la mesure où les briques ont été encollées (sans joint visible) et maçonnées avec la corde «à l'intérieur» de façon à ce que la surface de parement présente un aspect brut et irrégulier. Ce qui a valu au promoteur Hendrik De Keukeleire, à l'architecte Rudy Vandeputte, à l'entrepreneur Wilfried De Graeve et à l'importateur Patrick Lataire de décrocher le premier Lamour Award.

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