Beel Architecten sur la collaboration avec une Energy Services Company"Le système n'en est plus à ses débuts, il est déjà un adolescent solide"
Le terme ESCo ne vous est probablement pas inconnu. Mais sous quelles formes une ESCo (Energy Services Company), qui fournit des services énergétiques complets à divers clients, peut-elle apparaître dans le secteur de la construction ? Nous avons rencontré le cabinet d'architecture internationalement reconnu Beel architecten, qui a développé au fil des années divers partenariats en matière d'efficacité énergétique. Deux projets récents illustrent la diversité de la collaboration avec une ESCo.

Tom Ryckaert, architecte de projet et administrateur du cabinet d'architecture Beel architecten basé à Gand, explique comment un projet encore en phase de conception, Borgerwijk à Sint-Katelijne-Waver, et un projet déjà bien avancé, De Nieuwe Dokken à Gand, abordent cette question. Borgerwijk est une reconversion ambitieuse d'un site historique en un quartier résidentiel vert et durable, tandis que De Nieuwe Dokken – situé à l'est du Handelsdok – s'inscrit dans la logique d'un "smart district", où la réduction et l'optimisation de la consommation énergétique sont des priorités.
Ces deux projets collaborent avec une entité externe qui vend de l'énergie aux utilisateurs via une formule d'abonnement. À Borgerwijk, l'accent est mis sur la géothermie, avec un champ BEO (Stockage d'énergie par sondes géothermiques) qui assure une température intérieure agréable en hiver comme en été grâce au chauffage par le sol. Ce système est complété par des pompes à chaleur et des panneaux solaires. De Nieuwe Dokken repose sur la technologie ZAWENT (« Zéro eaux usées avec récupération d'énergie et de nutriments »), où l'énergie, l'eau et les nutriments circulent dans une boucle interne afin de réduire le gaspillage. Ce projet se déroule en collaboration avec une entreprise industrielle voisine, Christeyns, un acteur majeur du marché international des détergents.
La définition d'une ESCo implique que celle-ci gère l'ensemble du processus des projets d'efficacité énergétique via un contrat de performance énergétique et de maintenance (OEPC). La rémunération de l'ESCo est exclusivement basée sur les résultats obtenus, ce qui maximise l'efficacité et réduit les obstacles financiers pour les organisations, puisqu'elles n'ont pas besoin d'investissements en capital importants et partagent les risques avec l'ESCo.
Comment cela fonctionne-t-il à De Nieuwe Dokken et Borgerwijk ?
Tom Ryckaert : « Il est important de souligner que cette approche n'est pas révolutionnaire en soi. Si elle est encore peu répandue en Belgique, c'est principalement en raison de notre tradition d'individualisme en matière d'habitat. Il n'est donc pas surprenant que ce modèle de collaboration avec une ESCo gagne en visibilité à mesure que l'on s'oriente vers un habitat plus collectif. »
« Chez Beel architecten, nous sommes de fervents défenseurs de la collectivité. Nous cherchons à aligner de nombreux acteurs vers un objectif commun et conçoisons nos projets avec une vision d'ensemble, intégrant par exemple des espaces partagés. Cela implique également une approche collective des technologies de chauffage et de refroidissement. Cette mutualisation permet parfois des synergies intéressantes entre différentes fonctions résidentielles. Par exemple, si un occupant a besoin de chaleur et un autre de fraîcheur, on peut connecter ces besoins pour maximiser les gains énergétiques. Un système centralisé géré par une ESCo peut ainsi produire de l'énergie de manière optimale, grâce à des pompes à chaleur et à la géothermie. »
Quels sont les avantages concrets ?
« À De Nieuwe Dokken, la chaleur provient en partie de l'industrie locale, qui fournit de la chaleur résiduelle. Nous avons trouvé un équilibre entre les besoins et les ressources disponibles : nous récupérons la chaleur industrielle, tandis que les eaux usées des logements sont collectées, purifiées et réutilisées comme eau de processus chez Christeyns. Les déchets organiques des habitants sont également valorisés via un processus de compostage rapide permettant de produire de l'énergie pour le chauffage. »
« Pour Borgerwijk, un projet de 80 000 m² prévu pour 2028, la logique est similaire : maximiser la centralisation énergétique. L'option de la géothermie s'est imposée, car il était inefficace d'installer une pompe à chaleur individuelle par logement. Une collaboration avec une ESCo – ici, Comtis Energy – a été choisie pour prendre en charge l'installation, la gestion et l'entretien des systèmes climatiques, avec une garantie d'économies d'énergie et un financement intégré, sans coût initial pour le propriétaire immobilier. »
Quel avenir pour les ESCo ?
« Les défis à venir imposent de plus en plus de solutions collectives. L'habitat densifié devient une nécessité, surtout dans des villes en croissance continue comme Gand. De nouveaux acteurs entrent sur le marché, enrichissant l'offre et stimulant le développement du secteur. On peut dire que le système n'est plus à ses débuts, mais déjà un adolescent solide ! Pour nous, architectes, collaborer avec une ESCo est un atout, surtout si elle est impliquée tôt dans le projet. Ces partenaires apportent des idées innovantes et enrichissent nos connaissances techniques. Avec une vision commune et un business plan solide, ces collaborations sont assurément prometteuses. »
