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Au fil de l'eau

Les grèves de ces derniers mois ont bloqué des milliers de camions sur les routes. Pour éviter ce désagrément, les entreprises se tournent de plus en plus vers le transport fluvial. C'est le cas à Pecq, en Wallonie Picarde, où un nouveau quai de déchargement permet le transfert des matières premières des péniches vers les camions ou vice-versa.

Au fil de l'eau

Une péniche est amarrée le long du quai de 263 mètres. Une grue puise dans la cale du bateau. Le grappin déverse les tourteaux de lin dans un camion. L'entreprise Vandeputte, située à Mouscron, a opté pour le transport fluvial via cette nouvelle infrastructure, située à une dizaine de km de leur société. Gauthier Vindevogel, directeur de l'huilerie: «Pour nous, cela va nous permettre de réduire nos frais d'approche. Il faut savoir que nous approvisionnons 120.000 tonnes de graines de lin par an qui sont majoritairement issus du Kazakhstan, de Russie ou du Canada. Tout transite par le port de Gand et actuellement tous ces tonnages arrivent par camion, et donc empruntent l'autoroute entre Gand et Mouscron. Cela génère des coûts importants, mais également des émissions de CO2 considérables.» A en croire Vandeputte, le fait de recourir à la voie fluviale lui permettra de réduire ses émissions de CO2 de de 75% tout en minimisant sa dépendance aux aléas du trafic routier et de la conjoncture politico-syndicale.

Le nouveau quai permet le chargement et le déchargement de péniches d'une centaine de mètres. Il apporte aussi une réponse efficace et pertinente aux exigences des entreprises.

Développement durable et efficacité

Considéré pendant longtemps comme une lubie écologiste, le transport fluvial ne cesse pourtant de gagner des adeptes. Les entrepreneurs ont d'ailleurs très bien compris l'intérêt de son développement, comme le prouve l'investissement de quatre entreprises régionales dans le port autonome de Pecq. Ce consortium baptisé «Agriport de Pecq» n'a pas hésité à compléter, sur ses propres deniers, la deuxième phase de l'aménagement des quais, avec des installations de transbordement et de stockage

Pour rappel, la première phase du chantier, d'un budget approchant les 3 millions d'euros, a été entièrement financée par la Wallonie. La seconde phase, d'une durée d'un an, qui débutera au premier semestre 2017 fera l'objet d'un financement Feder (7,4 millions d'euros) complété donc par des apports venant du privé (à concurrence de 9 millions d'euros), soit un total de 16,4 millions d'euros.

Ces entreprises ont décidé de s'inscrire dans une optique de développement durable et de créer notamment une zone de stockage aux abords des quais de déchargement. Eric Bosly directeur des opérations chez Cosucra (une société qui transforme de la chicorée et des petits pois en composants alimentaires), y voit même une manière de gagner en efficacité: «On diminue légèrement nos coûts, mais surtout on augmente notre efficacité puisqu'on passe de lots de la taille de 25 tonnes par camion à une taille de 650 voire 1350 tonnes sur un bateau. Pour des entreprises qui veulent développer l'aspect durable de leur produit, cela modifie complètement la filière d'approvisionnement.»

Escaut-Silos (engrais Lebrun) s'attend à réceptionner 50 péniches de céréales par an; Vandeputte à la réception de 120.000 tonnes de graines de lin, soit deux péniches par semaine, et de 50.000 tonnes de tourteaux par an; Sodemaf (Dufour) à la gestion de 100 péniches par an dans un premier temps; et Cosucra, à un déchargement d'environ 100 péniches. «L'objectif est de faire transiter, d'ici deux ans, plus de 200.000 tonnes de produits agricoles par la voie d'eau et donc d'enlever le volume équivalent des infrastructures routières», espère Eric Bosly. «Le transport fluvial est non seulement durable mais également performant d'un point de vue qualité et flexibilité. Il permet d'adapter la logistique à la fluctuation du besoin des clients.» Une bande transporteuse reliera même directement la société sucrière à l'Escaut. «Plus aucun camion ne sera utilisé pour amener la matière première au cœur de l'usine», précise-t-il.

Deux autres entreprises régionales, la tournaisienne Thiébaut (secteurs de la construction et du transport) et la pecquoise Vanovertveldt (grossiste en produits agricoles) sont également partantes pour s'installer dans le port.

Un véritable réseau fluvial transeuropéen

Implantée entre Tournai et Gand, à proximité de plusieurs parcs d'activités économiques, la plateforme permettra de répondre aux besoins de l'industrie agroalimentaire, fort présente dans la région.

«Située le long de l'Escaut, cette nouvelle plateforme bimodale (eau et route) complète les installations du port de Vaulx (Tournai). Ce projet a été inscrit dès 2004 au plan de secteur. Après l'achat des terrains, Ideta (Intercommunale de Développement des arrondissements de Tournai, d'Ath et de communes avoisinantes) a procédé à l'équipement du parc d'activités entre 2012 et 2016 afin d'offrir aux entreprises un outil logistique performant. Sept hectares de parcelles sont ainsi mis à la disposition des entreprises utilisant la voie d'eau», rappelle Pierre Wacquier, président d'Ideta.

La nouvelle infrastructure s'inscrit dans le projet «Seine-Escaut» qui qui devrait permettre, d'ici 2025, aux bateaux de plus grand gabarit de relier les principaux centres industriels, logistiques et commerciaux du nord de l'Europe avec les grands ports maritimes tels qu'Anvers, Rotterdam ou encore le Havre.

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