APB, une croissante soutenue
Qui dit sécurité, dit aussi santé. On peut penser ici à l'amiante encore très présent dans les bâtiments belges. Pour preuve, la société Asbest Partners België (APB) tourne à plein régime. Elle est en effet spécialisée en désamiantage et s'est forgé une excellente réputation dans ce domaine. Luk De Knijf, Ceo, ainsi que ses deux employés et 22 ouvriers, se disent submergés de travail, au point d'afficher une croissance de 30% depuis quelques années. Une tendance que l'entreprise compte bien confirmer.
Un bâtiment moderne dans la zone de Reme à Westerlo. C'est ici que bat le c'ur d'APB. La société a été fondée en 2009 par Hans Van Kasteren et son fils Danny. A force de travailler sans relâche sur les bases de l'époque, APB fait aujourd'hui figure d'acteur solide, voire incontournable sur le marché du désamiantage. «Ce qui ne nous a pas empêchés de ressentir également les effets de la crise. Lorsque la croissance économique a commencé à reculer, nous avons aussitôt constaté une baisse des investissements consentis pour le désamiantage des anciens bâtiments. C'est dommage, car même en temps de récession, cette substance reste évidemment très dangereuse pour la santé. On ne peut absolument pas la traiter sans précautions. Les autorités ne semblent pas en prendre la pleine mesure», avertit M. De Knijf.
Il n'empêche, APB a le vent en poupe et son rayon d'action ne cesse de s'élargir. L'année dernière, en comptant sa filiale néerlandaise, elle a réalisé un chiffre d'affaires de 5,4 millions d'euros, dont 3,6 millions pour la branche belge. Cet élan entretient son dynamisme tandis que son agréation a été prolongée de 3 ans l'année dernière, ce qui lui permet de poursuivre assidûment son travail. Ce n'est d'ailleurs pas inutile, car de récentes études ont une fois de plus démontré que l'amiante continuait à tuer. On parle actuellement de 600 à 900 dossiers par an. Et Luc De Knijf redoute que le nombre de décès ne poursuive sa progression. Il est en effet prouvé que le temps d'incubation des cancers provoqués par l'amiante est de 30 ans. Vu que cette substance a été massivement utilisée dans les années 70 et 80, son effet va s'intensifier.
Fibre minérale
APB est surtout active dans les grandes villescomme Bruxelles, Anvers et Gand qui recèlent encore un très grand nombre de bâtiments contenant de l'amiante. Cette substance se cache dans l'isolation des conduites, les revêtements de sols, les toitures, les platelages et enduits ignifuges, ainsi que dans les joints de chaudière. A terme, elle devra entièrement disparaître, de quoi offrir des perspectives' «L'incendie de l'Innovation à Bruxelles en 1968 explique l'utilisation soudaine de grandes quantités d'amiante», précise M. De Knijf. Suite aux nombreux morts provoqués par ce drame, le secteur de la construction s'est mis à rechercher des matériaux ininflammables.
La sécurité incendie est un thème qui a aussitôt surgi à l'avant-plan. On a cherché puis trouvé l'amiante, une fibre minérale qui résiste manifestement au feu. L'amiante est un certain type de roche. Au départ, on n'a pas réalisé qu'il pouvait représenter un danger pour la santé publique, mais la situation a évolué. L'amiante présente visiblement le gros inconvénient d'être facilement inhalé, notamment en raison de son caractère très fin et léger. Comme il s'agit d'une fibre en forme d'aiguille à l'extrémité pointue, elle s'enfonce profondément dans les voies respiratoires avant de s'y fixer. C'est ainsi que des cancers du poumon peuvent se déclarer. L'élimination de l'amiante a débuté dès que l'on a mesuré ses dangers pour la santé.
Secteur intensif en main-d''uvre
Depuis que la sonnette d'alarme a été tirée, APB a plus que jamais sa raison d'être et a entamé sa croissance. Si les calculs de l'Ovam (la société publique des déchets de la Région flamande) sont bons, il y a du pain sur la planche jusqu'en 2035. Le but étant d'avoir une Flandre totalement désamiantée à cet horizon. Luk De Knijf émet toutefois des doutes quant à la faisabilité de cet objectif.
'Le nombre de cas de cancer dus à l'amiante va encore grimper.'
«La crise économique freine les investissements et les désamiantages, ce secteur étant loin d'être bon marché, notamment en raison de la main-d''uvre intensive que requièrent ces opérations. Notre firme est en effet très limitée dans les moyens à mettre en 'uvre pour le désamiantage. Les engins à rotation rapide sont interdits. Pas question non plus d'utiliser des mini-pelles, par exemple. D'où la nécessité de recourir au travail manuel ou à des outils spécifiques. Les normes de sécurité applicables à notre personnel sont également très strictes, car nous ne prenons aucun risque. Nos travailleurs suivent des formations spéciales et subissent un bilan médical annuel. Ils portent constamment des masques et doivent se doucher toutes les 2 heures. Les chantiers sont soigneusement examinés et doivent obligatoirement comporter des douches, tandis que les délais de déclaration sont strictement fixés à deux semaines. Nous ne laissons rien au hasard.»
En tout cas, ce n'est pas la motivation qui manque. L'entreprise intervient finalement partout. C'est ainsi que les travailleurs de l'entreprise pénètrent parfois dans les coulisses de nombreux bâtiments et musées historiques. APB a par exemple désamianté le Musée royal des Beaux-arts d'Anvers et l'UZ de Gand. Des défis énormes, relevés de main de maître.